INDE (Le territoire et les hommes) L'économie contemporaine

Les infrastructures

Environ 500 000 villages sur 590 000 sont aujourd'hui desservis par les lignes électriques. Le réseau routier en dur a décuplé. Et pourtant, comme dans l'agriculture, les mêmes facteurs qui ont stimulé la croissance constituent des freins majeurs à une future accélération du développement par manque d'entretien. Les pertes électriques sont estimées à environ 40 p. 100 de la production, la moitié environ due à des défauts techniques, l'autre à des vols de courant, des compteurs faussés, au non-paiement des factures. La productivité globale de l'économie pourrait croître de 30 p. 100, moyennant la fourniture satisfaisante d'électricité ; les défauts du système coûteraient environ 10 milliards de dollars par an. Ainsi, de 1991 à 1998, les investissements dans l'électricité passent de 5,4 à 4,6 p. 100 du P.I.B. Les objectifs du neuvième plan (1997-2002) n'ont été atteints qu'à 40 p. 100, ceux du dixième plan furent rabotés à mi-parcours, etc. Les 30 et 31 juillet 2012, ce sont 600 millions d’Indiens qui se retrouvent sans électricité à la suite d’une rupture des réseaux, ce qui est de très loin un record mondial, 200 d’entre eux continuant encore de vivre sans électricité un an après !

Même problème d'entretien pour les routes, qui assurent 60 p. 100 du trafic de marchandises contre 11 p. 100 en 1951, le reste étant assuré par le rail. En conséquence, même sur des routes nationales, un camion ne parcourt guère plus de 200 kilomètres par jour, contre 500 à 600 en Europe, pour un coût de 4 et 10 milliards de dollars par an. Les routes à quatre voies ne totalisent guère plus de 6 000 kilomètres. Le gouvernement a déclaré, en 2000, vouloir construire d'ici à 2008 13 000 kilomètres d'autoroutes ou de routes élargies. En 2005, 600 kilomètres seulement avaient été réalisés.

Les ports sont engorgés pour les mêmes raisons – les bateaux y restent souvent de trois à cinq jours contre moins d'une journée à Singapour –, même si des progrès sont apparus récemment. La modernisation des chemins de fer reste lente, au point que les trains de marchandises font une moyenne de 20 kilomètres par heure.

Dans les télécommunications, en revanche, on passe de 26 millions de téléphones fixes et 3 millions de téléphones mobiles en 2000, à respectivement 59 millions et 75 millions en 2005. En mai 2012, l’Inde compte 929 millions d’utilisateurs de portables et 137 millions d'utilisateurs d'Internet. Cette expansion des télécommunications est porteuse d'une véritable révolution socio-économique : elle permet la connaissance en direct des prix des marchés ruraux, la recherche d'emploi, elle ouvre la voie à des opportunités d'éducation ou à la diffusion des droits des administrés. Les conséquences de cette diffusion de l'information sont la grande inconnue des années à venir, la population indienne interrogeant de plus en plus les élites politiques sur sa pauvreté et sa misère...

Pauvreté rurale, inégalités sociales

Dans le total des fonds publics consacrés à l'économie rurale, la part destinée aux dépenses productives est tombée de plus de 60 p. 100 en 1981-1982 à 38 p. 100 en 1994-1995. 40 p. 100 des fonds publics sont reversés sous forme de subventions de tous types et les 22 p. 100 restant servent au financement de projets pour les pauvres (dont les distributions de grain par l'État). Mais les pertes, le coulage et les abus sont courants dans les projets d'aide aux pauvres... Conséquence, la croissance agricole par habitant est tombée à 1,5 p. 100 au cours de la décennie 1990-2000. Or l'agriculture emploie 58 p. 100 de la population active. Une croissance plus vigoureuse et une diversification accrue de la production hâteraient le recul de la pauvreté tout en augmentant[...]