INDEXATION
L'analyse par facettes
Avant la publication de la C.C., les systèmes de classification se fondaient sur le principe de l'analyse : il s'agissait d'énumérer des sujets, simples et complexes, en les disposant autant que possible selon des hiérarchies génériques ou pseudo-génériques, comme celle qui distingue le tout de la partie. Au contraire, dans la C.C., seules les hiérarchies génériques vraies sont énumérées ; pour subdiviser davantage, on se sert de termes empruntés à diverses catégories, ou « facettes ». Une théorie similaire a été élaborée indépendamment dans d'autres pays. L'idée fondamentale est que les concepts qui font partie d'un domaine de connaissance sont susceptibles d'être analysés et groupés ainsi en diverses catégories de termes clairement définis et distincts les uns des autres. Ranganathan a suggéré que ces catégories pourraient s'apparenter à cinq notions fondamentales : Temps, Espace, Matière, Énergie et ce qu'il appelle Personnalité. À l'intérieur de chaque sujet, il a appelé « facettes » les groupes de termes tirés de ces catégories fondamentales, et dans chaque sujet la notion centrale qui lui donne son identité spécifique constitue sa Personnalité. Un spécialiste doit s'attendre à voir groupés, sous cet aspect, les ouvrages qu'il a produits.
Cette notion de Personnalité appliquée à un sujet se rapproche de l'idée centrale de la théorie générale des systèmes élaborée par Ludwig von Bertalanffy et d'autres, en particulier aux États-Unis. La théorie se présente comme une exploration scientifique des idées de Total et de Totalité, entités qui présentent une série de niveaux dont l'organisation est de plus en plus complexe. Elle se donne pour but de formuler des principes généraux pour tous les systèmes, quelles qu'en soient les entités élémentaires et quelles que soient les relations qui unissent celles-ci. Dans la C.C., ces entités sont définies par le terme de Personnalité, leurs relations par celui d'Énergie ; les parties et les matériaux dont se compose une entité sont classés sous Matière, et une entité qui, à un certain niveau d'organisation, au sein d'une certaine classe, figure comme Personnalité, peut devenir Matière là où elle n'est qu'un des éléments contribuant à former une entité douée de Personnalité appartenant à un niveau supérieur.
Ranganathan a été le premier à utiliser la méthode qui consiste à édifier des systèmes de classification multidimensionnels. La puissance de cette méthode et de celles qui s'y apparentent est bien montrée par le nombre de systèmes spécialisés qui les utilisent. Ils n'ont pas tous défini leurs « facettes » en fonction de cinq catégories fondamentales, telles qu'elles sont rapportées par l'Union française de documentation dans les années quarante et cinquante, et présentées dans l'étude faite par Éric de Groslier pour l'U.N.E.S.C.O. Cette puissance tient à l'intégration de deux facteurs : le modèle traditionnel de hiérarchie générique et le modèle moderne d'un système à mailles, ou réseau. Dans le premier, une espèce est définie par la présence d'une caractéristique générique qui la distingue des autres et conditionne son existence, mais, dans les classifications plus anciennes, telles que la C.D.U., l'application de ce modèle était élargie à toutes les subdivisions d'un sujet, simples ou complexes, sans égard à la relation qui existait en réalité entre le genre et l'espèce. Dans un réseau, les concepts sont énumérés un par un en des séquences distinctes ; chaque groupe de concepts provient d'une division selon une et une seule caractéristique. Grâce à cette intégration, on obtient un ensemble de séquences, au lieu d'une seule séquence dans laquelle plusieurs caractéristiques se trouvent confondues, et on peut au gré des besoins ménager des intersections exprimant[...]
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Écrit par
- Douglas J. FOSKETT : (formerly) director of central library services and Goldsmith'Librarian, University of London, England.
- Jacques MANIEZ : agrégé de l'Université, docteur en linguistique
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