GANDHI INDIRA (1917-1984)
Un Premier ministre autoritaire
Ses débuts de Premier ministre seront difficiles. C'est peut-être de cette période que date sa méfiance instinctive envers ceux qui l'entourent, hormis les plus proches membres de sa famille. Quoi qu'il en soit, d'emblée un homme, Morarji Desai, chef de file de l'une des tendances conservatrices du parti, s'oppose à elle. La majorité du parti ne le suit pas, mais pour des raisons différentes. Certains, à droite, pensent qu'il vaut mieux s'entendre avec Indira Gandhi. Ces milieux retiennent le rôle déterminant de cette dernière dans la chute du premier gouvernement communiste de l'État du Kérala, à la fin des années 1950. On veut également croire qu'elle sera un dirigeant relativement faible, influençable (parce que femme ?), suffisamment malléable pour qu'une partie du pouvoir lui échappe. Au contraire, d'autres, à gauche, voient en elle la fille de Nehru, un nom qui symbolise une voie de développement fondée sur l'essor du secteur public et de l'industrie lourde, une politique extérieure axée sur le non-alignement et la défense de l'indépendance nationale. Indira Gandhi va devoir tour à tour s'imposer à chacune de ces tendances. Et ce, dans le contexte difficile d'un parti du Congrès en perte d'influence, comme vont le révéler les élections de 1967. Les résultats sont même si mauvais que personne, au sein du parti, n'entend prendre le risque de changer de Premier ministre au milieu du gué ; à peine ceux-ci connus, Indira Gandhi se voit confirmée dans ses fonctions de Premier ministre par un Parlement plus que morose.
C'est alors qu'Indira Gandhi va montrer toutes ses capacités de dirigeant politique. Elle engage tout d'abord le fer contre son aile droite, au cours d'une bataille sans merci qui va se conclure par la scission du parti du Congrès, en 1969. Le fond de la lutte porte sur la nationalisation du système bancaire. Réclamée par la gauche, elle est également revendiquée par la paysannerie riche et moyenne ainsi que par des milliers de petits et moyens entrepreneurs qui veulent avoir accès à des conditions de crédit raisonnables et rentables. Les grands milieux d'affaires privés, arcboutés sur la défense de leurs privilèges financiers, soutiennent les conservateurs du Congrès et accusent le Premier ministre de vouloir engager le pays sur la voie de la collectivisation. La bataille économique prend brutalement un tour politique avec la mort du président de la République. La direction officielle du Congrès, contrôlée par la droite, opte pour la candidature d'un homme hostile à la nationalisation. Indira Gandhi, manœuvrant avec habileté, fait triompher lors de cette élection V.V. Giri, l'un de ses proches qu'elle a fait passer pour un candidat indépendant. La victoire, acquise de justesse, retient l'attention de l'ensemble du pays. Morarji Desai, battu, quitte le parti en entraînant derrière lui un certain nombre de ses partisans. L'immense majorité de l'opinion publique soutient son Premier ministre. Celui-ci fait désormais figure de leader d'autant plus incontesté qu'il a l'image d'un dirigeant progressiste désirant le bien de son peuple.
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Écrit par
- Max ZINS : docteur d'État ès sciences politiques, chargé de recherches au C.N.R.S. (Centre d'études et de recherches internationales)
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