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GANDHI INDIRA (1917-1984)

Une fin de règne difficile

Zia-Ur Rahman, 1980 - crédits :  Keystone/ Getty Images

Zia-Ur Rahman, 1980

Le répit va cependant être de courte durée. Les élections de 1971, certes, donnent une victoire d'autant plus écrasante au Congrès que c'est l'année de la guerre d'indépendance du Bangladesh, au cours de laquelle l'Inde remporte un succès militaire total contre le Pakistan. Mais, très vite, la situation économique et sociale se dégrade. La nationalisation bancaire n'est suivie d'aucune autre réforme dans le domaine industriel ou agricole. Des grèves éclatent, comme celle des cheminots en 1974. Un mouvement d'opposition populaire, dirigé par Jaya Prakash Narayan, contrôlé pour l'essentiel par le parti Jana Sangh mais ralliant également des militants du Parti socialiste et du Parti communiste marxiste, en vient à menacer directement le pouvoir du Congrès et du Premier ministre. Celui-ci prend alors la décision de proclamer, le 26 juin 1975, l'état d'urgence. Deux ans après, à la suite d'abus de pouvoir et d'erreurs reconnues par Indira Gandhi elle-même, le verdict de l'électorat est sans appel : le parti du Congrès avec Indira Gandhi à sa tête subit la première défaite électorale de son histoire. Sans les divisions d'un gouvernement Janata incapable de gouverner, Indira Gandhi serait-elle revenue au pouvoir en 1980 ?

Les quatre dernières années de l'action du Premier ministre ne furent pas non plus marquées du sceau de la facilité. La victoire écrasante de Rajiv Gandhi aux élections de décembre 1984 ne saurait masquer la réalité. Le Congrès, avec Indira Gandhi, était alors en perte de vitesse, comme le montraient diverses élections locales en 1983. Des tensions régionalistes, en Assam comme au Pendjab, semblaient même menacer, pour la première fois depuis longtemps, l'intégrité du pays. Ces tensions sont à l'origine de la mort du Premier ministre, assassiné par deux de ses gardes sikhs, deux hommes qui n'avaient pu accepter que le Temple d'Or d'Amritsar, le sanctuaire sikh, fût pris d'assaut par l'armée indienne au cours de l'été 1984.

Reste, pour expliquer le crédit dont dispose Indira Gandhi aux yeux du monde, l'image qu'elle a imposée d'elle-même et de son pays, image faite sans doute de détermination, de courage, d'indépendance. On a parfois coutume de dire que les grands hommes le sont souvent plus à l'étranger que chez eux. Cela pourrait être le cas avec Indira Gandhi. Dans le droit fil de celle de son père, sa politique étrangère a servi de référence à toute une génération de pays plus ou moins neufs, attachés au non-alignement, à l'essor de leur indépendance politique et économique, au refus des blocs. C'est probablement dans ce domaine que la politique d'Indira Gandhi a été le plus couronnée de succès.

— Max ZINS

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Écrit par

  • : docteur d'État ès sciences politiques, chargé de recherches au C.N.R.S. (Centre d'études et de recherches internationales)

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Médias

Indira et Rajiv Gandhi - crédits : Santosh Basak/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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Zia-Ur Rahman, 1980 - crédits :  Keystone/ Getty Images

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