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INDO-EUROPÉEN

La plupart des langues européennes (à l'exception du basque, du hongrois, du lapon, du finnois, de l'estonien et de quelques autres parlers locaux de la fédération de Russie), d'une part, et plusieurs langues de l'Asie, d'autre part, présentent entre elles, tant dans leur grammaire que dans leur vocabulaire, des correspondances systématiques et si nombreuses qu'il n'est possible de les expliquer que par une origine commune. En d'autres termes, toutes les langues en question résultent, sans nul doute, d'évolutions, différentes selon les lieux et les temps, d'une même langue parlée antérieurement, à une certaine époque de la préhistoire, sur un domaine plus ou moins étendu de notre globe. Cet idiome préhistorique, qui a disparu à jamais faute d'avoir laissé des documents écrits avant de perdre son unité et son identité, mais dont on a pu reconstituer avec assez de certitudes les principaux traits de la grammaire ainsi qu'une partie du vocabulaire, est appelé en France habituellement l'indo-européen ou la langue indo-européenne commune, et le peuple qui en était le porteur, les Indo-Européens. Le terme « indo-européen » est aussi utilisé pour qualifier les langues historiques issues de cette « protolangue » (P.I.E. en anglais, c'est-à-dire Proto-Indo-European), ainsi que, parfois, les peuples qui font usage de celles-ci, du moins aux époques anciennes. On notera que les auteurs germanophones persistent à employer le terme indo-germanisch plutôt qu'« indo-européen ».

On peut distinguer, au sein de la « famille » linguistique indo-européenne, les groupes dialectaux suivants : le groupe indo-iranien, ou aryen au sens propre, comprenant les diverses formes prises par la langue indo-aryenne au cours de son évolution (védique, sanskrit classique, prākrits, pāli, hindī, hindoustānī, bengalī, gujarātī, marāṭhī, cinghalais, etc.), les parlers iraniens (vieux perse, avestique, mède scythique, sogdien, pehlevi, parthe, persan, kurde, pachto, ossète, etc.), et les parlers intermédiaires des Dardes et des Kāfirs de l'Hindū Kūch ; le groupe baltique (lituanien, lette, vieux prussien) ; le groupe slave (vieux slave, russe, polonais, tchèque, serbo-croate, bulgare, etc.) ; l' arménien ; l' albanais ; le grec ; le groupe italique, représenté, dans l'Antiquité, par le latin, l'osque, l'ombrien et le vénète, et aujourd'hui par les langues romanes (italien, espagnol, portugais, français, roumain) dérivées du latin ; le groupe celtique, composé du lépontique, du celtibère et du gaulois, d'une part, et des parlers brittoniques (gallois, cornique, breton) et gaéliques (irlandais, gaélique d'Écosse), d'autre part ; le groupe germanique, comportant les trois subdivisions : orientale (gotique), septentrionale (islandais, norvégien, suédois, danois) et occidentale (haut-allemand, bas-allemand, frison, anglais) ; le tokharien (attesté dans le Turkestan chinois entre le ve et le xe siècle de notre ère, sous deux formes dialectales communément appelées le tokharien A et le tokharien B, ou koutchéen) ; le groupe anatolien, comprenant outre le hittite proprement dit, ou nésite, deux autres dialectes, le palaïte et le louvite (et sa variante le « hittite hiéroglyphique »), dont semble avoir dérivé le lycien.

Il existait encore dans l'Antiquité plusieurs autres langues indo-européennes, éteintes depuis lors, et ne laissant que des résidus sous forme d'un nombre restreint d'inscriptions ou de gloses d'interprétation malaisée, de noms propres, de quelques mots isolés, etc. Ce sont : le thrace et le phrygien (que l'on rapproche de l'arménien), le messapien (désormais mieux connu) et l'illyrien (dont les liens avec l'albanais ne sont pas clairs), le lydien, le ligure, le sicule et quelques autres encore.[...]

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Écrit par

  • : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain

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Occlusives - crédits : Encyclopædia Universalis France

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