- 1. Premiers travaux
- 2. Les langues de départ
- 3. Les difficultés dues aux langues celtiques
- 4. Saussure et la théorie laryngaliste
- 5. Le tokharien et le hittite
- 6. Phonétique et phonologie
- 7. Principaux caractères morphologiques et syntaxiques
- 8. Nouveaux procédés d'analyse et de comparaison
- 9. Bibliographie
INDO-EUROPÉEN
Phonétique et phonologie
La distinction devenue traditionnelle entre phonétique et phonologie autorise certains auteurs à ne plus se préoccuper de l'aspect phonétique de la reconstruction. Ces savants estiment que seuls les caractères phonologiques peuvent être atteints par la reconstruction et qu'il faut donc considérer les protoformes comme des symboles algébriques dont la réalité est déterminée par la fonction.
Les néogrammairiens – on appelle ainsi une école de comparatistes de la fin du xixe siècle et du début du xxe – avaient au contraire concentré leur attention sur les évolutions phonétiques. Cela leur permit de dresser un tableau des différents sons dont disposait l'indo-européen et des équivalences entre les diverses langues filles.
D'après ces recherches, le système consonantique de l'indo-européen connaissait une grande variété d'occlusives, des semi-voyelles, aussi appelées sonantes du fait qu'elles pouvaient se trouver au centre d'une syllabe, et la sifflante s, dont existait également la variante sonore z au contact d'une occlusive sonore.
La réalité est quelque peu différente de ce tableau régulier. L'existence des occlusives non aspirées sourdes et celle des occlusives sonores sont bien attestées par de très nombreuses correspondances. Pour les sourdes aspirées, en revanche, on n'a que peu d'exemples à citer, et encore le caractère aspiré n'apparaît-il que dans quelques langues seulement (sanskrit, arménien, grec et vieux slave). De plus, dans ces langues, ces sons se rencontrent principalement dans des mots à caractère populaire ou onomatopéique. Par ailleurs, les occlusives palatales, vélaires et labiovélaires font également difficulté. En effet, ces trois séries distinctes ont été admises à la suite d'une simple juxtaposition des données des diverses langues filles. En réalité, aucune langue indo-européenne ne possède simultanément les trois séries ; la seule série qu'on retrouve partout est celle des vélaires. Dans un premier groupe de langues, les palatales se confondent avec les vélaires, tandis que, dans un second groupe, les labiovélaires ne se distinguent pas des vélaires. De cette répartition, plusieurs auteurs ont conclu que l'indo-européen n'a connu en réalité que deux séries.
Les sonantes comprenaient les nasales *m et *n, les liquides *l et *r et les semi-voyelles proprement dites *y et *w. Ce qui caractérise ces sons, c'est leur particularité de pouvoir remplir toutes les fonctions des consonnes, mais aussi toutes celles des voyelles. Au point de vue de la distribution, elles saturent donc toutes les positions. Le rôle particulier qu'elles jouaient en indo-européen est d'ailleurs en relation avec leur nature phonétique : leur aperture varie d'après l'environnement phonétique. Bien qu'étant sans doute phonétiquement moins vocaliques que les nasales, les liquides et les semi-voyelles proprement dites, il faut classer de la même manière les « laryngales", ou coefficients sonantiques saussuriens, notées d ou H. Ces phonèmes remplissaient, en effet, les mêmes fonctions et leur distribution est identique.
Suivant la doctrine classique l'indo-européen connaissait trois voyelles : e, o, a. Cette dernière voyelle, si elle ne provient pas d'une évolution due à une laryngale, ne se rencontre que dans des mots à caractère familier ou technique. Les voyelles *e et *o pouvaient, dans certaines conditions morphologiques, être allongées : *ē et *ō. Enfin, en alternance avec *ě et *ǒ existait encore une voyelle réduite notée *0. Sur le plan phonétique, on ajoutera encore la voyelle *ə, alternant avec *ā, *ē, *ō, de même que les autres sonantes en fonction vocalique *i, *u, *l̊, *m̊, *n̊, *r̊, qui devenaient des voyelles longues lorsqu'elles étaient suivies d'un[...]
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Écrit par
- Guy JUCQUOIS : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain
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