- 1. Premiers travaux
- 2. Les langues de départ
- 3. Les difficultés dues aux langues celtiques
- 4. Saussure et la théorie laryngaliste
- 5. Le tokharien et le hittite
- 6. Phonétique et phonologie
- 7. Principaux caractères morphologiques et syntaxiques
- 8. Nouveaux procédés d'analyse et de comparaison
- 9. Bibliographie
INDO-EUROPÉEN
Principaux caractères morphologiques et syntaxiques
Le caractère essentiel de la morphologie consistait en un système flexionnel très riche – où les mots étaient fléchis, à l'exception des mots-outils, invariables – et en une distinction précise entre le verbe et le nom. Chaque mot indo-européen fléchi se composait d'au moins deux morphèmes : la racine et la désinence. Entre ces éléments pouvaient se greffer un ou plusieurs suffixes. Chacun de ces morphèmes se présentait sous une des formes suivantes : avec une voyelle *ě, c'est-à-dire au degré plein ou normal, avec une voyelle *ǒ, forme appelée au degré fléchi ou sans voyelle, d'où le nom de degré zéro. On distingue en outre un degré plein allongé (*ē) et un degré fléchi allongé (*ō). Ces variations vocaliques quantitatives et qualitatives portent le nom d'alternances. Nombre de ces alternances se retrouvent dans des langues historiques, ainsi dans le grec ancien πέιθ-ομαι, « je crois », degré plein, π́ε-ποιθ-α, au degré fléchi et ̂επ́ε-πιθ-μεν au degré zéro.
La désinence, morphème terminal, était exprimée matériellement ou non ; dans ce dernier cas, on parle de désinence zéro. C'est ce morphème qui indiquait le rôle du mot dans la proposition, bien plus que la place, qui n'avait le plus souvent qu'une valeur stylistique, à l'exception toutefois de la position en tête de phrase réservée à un mot accentogène et de la seconde place où se trouvaient de préférence les clitiques. Si l'on compare l'indo-européen à des langues agglutinantes, on constate que les désinences cumulent plusieurs fonctions, ce qui est encore le cas dans les langues de cette famille qui ont conservé un système flexionnel à l'époque historique. Ainsi, le -ă de latin lupă indique à la fois qu'il s'agit d'un féminin, d'un singulier et d'un nominatif-vocatif ; il en est de même pour le système verbal où *eimi signifie l'idée d'« aller », appliquée, de manière durative et présente, à une première personne du singulier.
L'indo-européen connaissait huit cas : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif, locatif, ablatif, instrumental ; trois nombres : singulier, duel, pluriel ; et trois genres grammaticaux : neutre, masculin, féminin, évolution d'une étape antérieure où l'animé s'opposait à l'inanimé. Le système flexionnel verbal est aussi riche, bien que, dans les formes personnelles, il n'y ait pas de distinction de genres comme c'est le cas par exemple en sémitique ; par contre, il comportait également trois nombres et trois personnes. L'opposition temporelle se marquait par l'usage de désinences différenciées : pour le présent, on utilisait les désinences primaires ; pour le passé, les désinences secondaires. Si l'action verbale s'accomplissait hors du sujet et que ce dernier ne se sentait pas directement concerné par celle-ci, on employait l'actif, dans le cas inverse le moyen ; c'est ce qu'on appelle la diathèse, qui était marquée explicitement par des désinences particulières. D'autre part, le sujet parlant pouvait envisager le procès soit comme se déroulant réellement, soit comme une réalité dont on attend ou dont on veut la réalisation, soit enfin comme une chose qui est simplement possible même si on la souhaite. Ces trois modalités étaient exprimées de manière morphologique, respectivement au mode indicatif, au subjonctif et à l'optatif. Enfin, il existait différents aspects – duratif, aoristique, perfectif, désidératif et causatif – marqués par des modifications morphologiques ou par des distinctions lexicales. Ainsi, le verbe « être » était rendu par la racine *es- au duratif et au perfectif, tandis qu'à l'aoriste on utilisait le thème[...]
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Écrit par
- Guy JUCQUOIS : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain
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