- 1. Premiers travaux
- 2. Les langues de départ
- 3. Les difficultés dues aux langues celtiques
- 4. Saussure et la théorie laryngaliste
- 5. Le tokharien et le hittite
- 6. Phonétique et phonologie
- 7. Principaux caractères morphologiques et syntaxiques
- 8. Nouveaux procédés d'analyse et de comparaison
- 9. Bibliographie
INDO-EUROPÉEN
Nouveaux procédés d'analyse et de comparaison
Durant les dernières décennies se sont créées et développées de nouvelles méthodes en linguistique comparative pour la reconstruction des protolangues. Certaines de ces recherches ont vu le jour en linguistique générale, et plus spécialement dans la synchronie. Leur application à la diachronie a été riche de conséquences. Parmi ces méthodes, il faut faire mention de la théorie de l'information et des théories statistiques. D'autre part, le structuralisme, issu en partie de la linguistique comparative, a permis des analyses très poussées principalement en phonologie diachronique où se sont distingués des savants tels que A. Martinet. C'est en se fondant sur ce genre d'études qu'on a pu tenter d'établir une chronologie relative des changements survenus au cours de l'évolution de l'indo-européen aux diverses langues filles. Par ailleurs, certains linguistes ont procédé à des décomptes statistiques sur le vocabulaire des langues indo-européennes ou sur leur morphologie. Or, dans le vocabulaire dit de base – c'est-à-dire celui qui serait aculturel et dont l'existence ne dépendrait donc ni d'une civilisation donnée ni de circonstances géographiques particulières –, on nota pour plusieurs langues une constante de renouvellement lexical. Cette découverte permettait notamment, à l'instar de la datation par le carbone 14, de dater l'âge de séparation de deux langues reconnues parentes d'après le pourcentage de lexèmes du vocabulaire de base que ces langues auraient encore en commun. L'indo-européen, du fait de ses nombreuses langues filles attestées bien souvent depuis longtemps, a puissamment contribué à établir une méthode dont on peut penser qu'elle aura à son tour quelque utilité pour la connaissance de la protolangue et de la dialectologie indo-européenne.
Depuis le début du xxe siècle, le proto-indo-européen a été successivement ou simultanément comparé à presque toutes les autres protolangues, celles de l'Ancien Monde du moins. Si l'on écarte les travaux fantaisistes tels que ceux élaborés à partir d'une connaissance superficielle des familles étudiées, les comparaisons les plus étayées ont été faites entre l'indo-européen et le chamito-sémitique entre l'indo-européen et le finno-ougrien et entre l'indo-européen et le caucasique. En outre, il faut tenir compte de la possibilité d'emprunts lexicaux d'une langue à l'autre à l'époque préhistorique et aussi de ressemblances dues au hasard, qui peuvent s'élever à 5 p. 100 environ, comme J. H. Greenberg a pu l'établir. Sur le plan méthodologique, enfin, plus la reconstruction remonte dans le temps, plus les rapprochements doivent avoir lieu entre des éléments de plus en plus ténus. Ces conditions augmentent fortement la probabilité de rapprochements fortuits. Avec les méthodes actuelles et dans les meilleurs des cas, on aboutirait à des possibilités d'apparentement, mais non à des certitudes pareilles à celles obtenues, par exemple, à l'intérieur de la famille indo-européenne.
Parallèlement à ces travaux se développent des recherches épistémologiques sur les méthodes utilisées en linguistique comparative. Les principales critiques que l'on peut formuler à l'endroit des protolangues reconstruites concernent leur simplicité artificielle et l'absence de chronologie. En effet, les reconstructions sont souvent considérées comme si elles étaient synchrones, ce qui ne correspond manifestement pas à la réalité. Il en est de même pour certaines formes ou structures reconstruites et dont l'excessive simplicité ne pourrait être due qu'à l'imperfection des méthodes actuelles. Les développements de la linguistique typologique, notamment celle des universaux, ont ainsi conduit à un réexamen fondamental[...]
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Écrit par
- Guy JUCQUOIS : docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire à l'université de Louvain
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