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INDO-EUROPÉENS (archéologie)

Les contraintes d'un modèle en arbre

On voit donc, à ce stade, qu'il serait abusif de considérer la question indo-européenne comme résolue. Quel que soit le sérieux des travaux les plus récents consacrés à la question du peuple et du berceau originel (ceux des archéologues James Mallory et Colin Renfrew étant les plus connus), et sans rappeler les utilisations idéologiques extrémistes déjà mentionnées, chacun de ces travaux comporte une bonne part de contre-arguments, quand ils ne s'annihilent pas mutuellement. pour cette raison, c'est sans doute le modèle général, sous sa forme très contraignante et très particulière d'un arbre généalogique issu d'un point-origine unique et assorti d'une migration à partir de ce point-origine, qui mérite d'être questionné.

De fait, si l'on connaît historiquement des migrations importantes qui ont entraîné une diffusion linguistique (Empire romain, colonisation européenne de l'Amérique et de l'Afrique), celles-ci laissent à chaque fois d'indiscutables traces matérielles qui ne permettent aucun doute à l'archéologue. À cette objection classique, les indo-européanistes ont la plupart du temps répondu par le modèle alternatif de petits groupes de conquérants, archéologiquement peu visibles, qui auraient pris le contrôle de vastes territoires, à l'instar de Pizarre ou de Cortès en Amérique. Mais l'histoire montre que de tels groupes guerriers ont été à chaque fois rapidement assimilés d'un point de vue linguistique : Francs, Vikings, Proto-Bulgares, Mongols, Wisigoths... Et si l'espagnol et le portugais sont langues officielles en Amérique centrale et en Amérique du Sud, c'est au prix d'un demi-millénaire de domination étatique organisée (c'est en fait la reprise du modèle romain), et avec une résistance certaine des langues indigènes comme, aujourd'hui encore, au Pérou, au Paraguay ou au Mexique.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

Classification

Média

Émile Benveniste - crédits : AFP

Émile Benveniste