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INDO-EUROPÉENS (archéologie)

Le renouveau de l'hypothèse steppique

Mais à partir des années 1970, on note un vif regain de l'intérêt pour la recherche du peuple originel et de son berceau, et cela de diverses manières. L'archéologue américaine d'origine lituanienne Marija Gimbutas, rassemblant plusieurs décennies de recherches archéologiques soviétiques dans la région de la mer Noire, recherches peu accessibles au public occidental, proposa une théorie simple qui donnait cette fois une consistance archéologique à l'hypothèse de Schrader. Dans ces steppes dites pontiques de l'Ukraine méridionale, on observe en effet des populations locales qui développent progressivement, au cours du VIe millénaire avant notre ère et sous l'influence de la péninsule balkanique, des formes d'agriculture et d'élevage. Puis, parallèlement à cette dernière région, se font jour pendant le Ve millénaire des signes d'inégalité sociale, avec l'apparition de tombes plus riches, parfois recouvertes d'un tertre de terre (appelé « kourgane » dans ces steppes, d'après un terme tartare), de premiers objets en cuivre et des signes de violences entre communautés. Au même moment, le cheval est domestiqué pour la première fois. On appelle parfois « Seredni Stog II », d'après un site archéologique ukrainien, cette civilisation.

Gimbutas pense donc pouvoir identifier ces populations guerrières, qui pratiquent sans doute des formes de pastoralisme nomade, avec le peuple indo-européen primitif. Elle le dénomme « peuple des kourganes » et considère qu'il va se répandre, en quatre vagues successives, dans l'ensemble de l'Europe ainsi que vers l'Asie et prendre le contrôle de la plupart des sociétés néolithiques traditionnelles, diffusant en même temps sa langue. Développée de manière encore succincte par Gimbutas, l'hypothèse steppique sera détaillée plus avant par l'un de ses élèves, l'archéologue irlandais James Mallory. Elle jouira d'une certaine faveur chez les linguistes intéressés à l'idée d'un berceau originel localisable, dans la mesure où elle continuait les travaux bien connus de Schrader.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

Classification

Média

Émile Benveniste - crédits : AFP

Émile Benveniste