- 1. La paléontologie linguistique
- 2. De l'Inde à la mer Noire
- 3. Les Indo-Germains
- 4. La mythologie comparée
- 5. Le renouveau de l'hypothèse steppique
- 6. Les premières sociétés inégalitaires
- 7. Indo-Européens et extrême droite
- 8. La colonisation néolithique de l'Europe
- 9. L'arbre des langues et des gènes
- 10. Les contraintes d'un modèle en arbre
- 11. Modèles alternatifs
- 12. Bibliographie
INDO-EUROPÉENS (archéologie)
Les premières sociétés inégalitaires
Toutefois l'hypothèse steppique ne peut pas être considérée comme définitivement établie. En effet, elle suppose d'une part que la « paléontologie linguistique » nous livre effectivement l'image d'une société guerrière de pasteurs-nomades dont on a vu que Schrader, de manière un peu circulaire, la postulait au départ. Elle suppose d'autre part que des migrations généralisées à partir des steppes pontiques seraient archéologiquement prouvées. On constate effectivement des signes de tensions entre les riches civilisations néolithiques et chalcolithiques de l'Europe balkanique, dont la prospérité paraît décroître vers la fin du Ve millénaire, et les populations des steppes. Mais les premières semblent s'effondrer tout autant de l'intérieur, en partie à cause de l'excessive concentration de richesses entre les mains de groupes dirigeants très restreints (comme le montre par exemple la nécropole de Varna en Bulgarie), que sous les coups d'envahisseurs extérieurs. En outre, beaucoup d'archéologues de ces régions ont la tentation de surinterpréter leurs données dans le sens de l'hypothèse steppique. Symétriquement, la culture de Seredni Stog II n'est pas la seule à pouvoir être qualifiée de guerrière. Des traces de violences (édification des villages sur des hauteurs, premières fortifications, incendies généralisés, blessures de guerre relevées sur les squelettes) peuvent être constatées à la même époque, et indépendamment, dans l'ensemble de l'Europe.
Ce dont témoigne archéologiquement l'Europe du Ve millénaire avant notre ère, c'est moins de grandes migrations guerrières que d'un remodelage d'ensemble, qui provoque un peu partout l'apparition des premières sociétés inégalitaires hiérarchisées (ou « chefferies »), elle-même consécutive aux tensions démographiques nées de la fin du processus de colonisation néolithique de notre continent.
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Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
Classification
Média