INDONÉSIE Histoire
L'ère des États indianisés (Ve-XIVe siècle)
Jusqu'au xive siècle, les documents dont on dispose sont essentiellement de quatre sortes. Ce sont, d'abord, quelques dizaines de sites archéologiques, situés surtout à Java et en certains points de Sumatra : ruines, simples soubassements, mais aussi superstructures comportant des sculptures et des décors en bas relief, parfois en stuc, d'édifices religieux (désignés localement du terme de candi) ou, plus rarement, civils. Les mieux conservés ont été étudiés et restaurés, grâce à la mise au point de la technique dite d'« anastylose », par les savants néerlandais du service archéologique (fondé en 1901) et, depuis l'indépendance, par leurs successeurs indonésiens ; peu de fouilles ont encore été entreprises. On a trouvé, d'autre part, plus de deux cents textes épigraphiques de longueur variable (de quelques mots à plusieurs dizaines de lignes), gravés sur stèles de pierre ou sur plaques métalliques (le plus souvent en cuivre), et rédigés en sanskrit, en vieux-javanais ou en vieux-malais, dans des écritures diverses quoique toutes dérivées de modèles indiens ; certains sont datés avec précision dans une ère çaka, qui débute en 78 après J.-C., mais on ignore à quel événement correspond cette date. Beaucoup de ces épigraphes sont des chartes (prasasti) commémorant l'octroi, par les rois, de franchises à quelque village ou à quelque fondation religieuse ; il s'en faut que tous ces textes soient déjà publiés et convenablement traduits (parmi les meilleurs épigraphistes, citons les Néerlandais Brandes, Stutterheim et de Casparis, le Français L. C. Damais et les Indonésiens Poerbatjaraja et Boechari). Il existe aussi des notations, de nature et de dates variées, dispersées dans les sources grecques et latines (compilées par G. Coedès), dans les sources arabes (compilées par G. Ferrand) et surtout dans les sources chinoises : récits des pèlerins bouddhiques se rendant en Inde par mer, et annales officielles portant mention des ambassades venues des « mers du sud ». Enfin, à partir du xiie siècle apparaissent quelques textes littéraires javanais, qui nous ont été conservés par des manuscrits beaucoup plus tardifs, rédigés sur lontar, ou feuilles de palmier à sucre.
L'hétérogénéité et la nature fragmentaire de ces sources expliquent le caractère hautement spéculatif de certaines des « reconstitutions » proposées. En plus d'un cas, il n'est possible, en toute conscience, que de rétablir la succession chronologique des souverains et de préciser quelle était la religion dominante du moment.
Les problèmes de l'indianisation
Les épigraphes les plus anciennes découvertes à ce jour doivent remonter au ve siècle de notre ère ; il s'agit d'une part de stèles et de rochers inscrits, au nom du roi Purnnawarma, et retrouvés dans l'arrière-pays de Jakarta, d'autre part de quelques piliers inscrits au nom du roi Mulawarma et retrouvés à Kalimantan, dans la région de Kutai. En même temps qu'ils marquent le début de l'histoire proprement dite dans l'archipel, ils attestent de façon incontestable la présence d'une influence indienne (langue sanskrite, formules hindouistes).
Cette influence ne cessera pas de se faire sentir jusqu'au xive siècle dans la religion (hindouisme ou bouddhisme mahâyânique), dans l'iconographie des temples, dans la littérature, souvent inspirée des épopées indiennes, de même que dans la langue. Toutefois, si l'« indianisation » de l'archipel est une réalité incontestable, et si une certaine connaissance des faits indiens est ici indispensable à l'historien, il s'en faut que l'on sache avec précision la façon exacte dont le contact se produisit. Les savants néerlandais, qui étaient surtout indianistes, ont beaucoup contribué à accréditer l'idée d'une « colonisation[...]
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Écrit par
- Denys LOMBARD : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias
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