- 1. Le mouvement nationaliste (1908-1941)
- 2. L'occupation japonaise (1942-1945) et la proclamation de l'indépendance (17 août 1945)
- 3. La lutte pour l'indépendance (1945-1949)
- 4. Essai de démocratie parlementaire « à l'occidentale » (1950-1957)
- 5. Crise du système politique (1957-1959)
- 6. La « démocratie dirigée » (1959-1965)
- 7. « Confrontation » et virage à gauche
- 8. La prise du pouvoir par l'armée (1965-1967)
- 9. L'« ordre nouveau »
- 10. La chute de Suharto et l'avènement de la Reformasi
- 11. Chronologie contemporaine
- 12. Bibliographie
INDONÉSIE L'Indonésie contemporaine
Nom officiel | République d'Indonésie (ID) |
Chef de l'État et du gouvernement | Joko Widodo (depuis le 20 octobre 2014) |
Capitale | Jakarta |
Langue officielle | Indonésien |
Au début du xxe siècle, les Hollandais ont réussi à imposer leur souveraineté sur tout l'archipel indonésien, unifié pour la première fois sous une même administration qui préfigure le cadre de la future Indonésie. Si la « politique éthique », qui propose de prendre en compte les intérêts de la population indigène, a permis certaines réformes, elle ne résout pas les problèmes sociaux. Exploitée, grevée d'impôts, livrée aux usuriers, la population, en majorité paysanne, réagit par des révoltes isolées de type messianique (mouvement Samin à Java). Peu à peu, pourtant, un mouvement nationaliste moderne, mais divisé, va se structurer. Non sans mal, car l'autorité coloniale surveille, arrête et exile ceux qui la contestent.
Le mouvement nationaliste (1908-1941)
C'est une période d'intense fermentation politique : la victoire du Japon sur la Russie (1905), les jeunes-turcs, le mouvement révolutionnaire chinois (1911) et, un peu plus tard, la révolution russe ouvrent de nouvelles perspectives. Diverses organisations se constituent dans les Indes néerlandaises contre l'oppression coloniale : le premier syndicat (cheminots), puis le Budi Utomo (1908), association d'étudiants javanais issus de la petite aristocratie, qui se fixe des objectifs éducatifs et sociaux « pour libérer le peuple de la nuit de l'ignorance » ; plus radical, l'Indische Partij (1912) de l'Eurasien Douwes Dekker et des Javanais Tjipto Mangunkusumo et Ki Hadjar Dewantoro, exilés l'année suivante, revendique les Indes pour tous leurs habitants, sans distinction de race ou de religion, dépassant ainsi pour la première fois les limites communalistes ; le Sarekat Islam (Union musulmane, 1912), d'abord créé pour défendre les fabricants de batik contre leurs concurrents chinois, devient, sous l'impulsion de Tjokroaminoto, la première organisation nationaliste de masse. Il connaît un essor rapide dans les campagnes (1912 : 4 500 membres ; 1916 : 360 000). À la même époque, le renouveau de l'Islam se marque aussi par la création de la Muhammadijah, association moderniste à buts sociaux et religieux, influencée par le courant réformiste venu d'Égypte.
C'est au sein du Sarekat Islam que vont se développer dans un premier temps les idées socialistes introduites par quelques Hollandais (H. Sneevliet). Au fil de ses congrès, le SI se radicalise, au point de condamner le « coupable » capitalisme étranger (1916), et réclame des réformes sociales. Des tensions de plus en plus graves opposent les nationalistes modérés à une aile gauche marxisante, prônant la lutte des classes et l'internationalisme et s'efforçant de capturer la direction du mouvement en s'appuyant notamment sur les syndicats. Une scission intervient avec la formation, en 1920, de ce qui deviendra le premier parti communiste d'Asie, le PKI. La rupture entre musulmans et communistes, irrémédiable en 1921, affaiblit le mouvement nationaliste.
Tandis que le S.I. marque un repli, le PKI se montre très actif, encourage les grèves, étend son influence dans les campagnes. Ses dirigeants sont arrêtés les uns après les autres. Lorsqu'il lance, de manière aventurée et contre l'avis du Komintern, une insurrection révolutionnaire à Java et à Sumatra (1926-1927), la répression est immédiate : le parti est interdit, ses dirigeants exilés dans des camps.
Cependant, l'effort – quoique bien limité – entrepris du côté hollandais dans le domaine de l'enseignement, ajouté aux initiatives privées indonésiennes voulant pallier la discrimination raciale (écoles Taman Siswa et de la Muhammadijah), a permis à un plus grand nombre d'Indonésiens de recevoir une éducation plus poussée et d'avoir accès aux idées venues d'Occident. Quelques-uns parviennent à aller étudier aux Pays-Bas,[...]
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Écrit par
- Romain BERTRAND : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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