- 1. Le mouvement nationaliste (1908-1941)
- 2. L'occupation japonaise (1942-1945) et la proclamation de l'indépendance (17 août 1945)
- 3. La lutte pour l'indépendance (1945-1949)
- 4. Essai de démocratie parlementaire « à l'occidentale » (1950-1957)
- 5. Crise du système politique (1957-1959)
- 6. La « démocratie dirigée » (1959-1965)
- 7. « Confrontation » et virage à gauche
- 8. La prise du pouvoir par l'armée (1965-1967)
- 9. L'« ordre nouveau »
- 10. La chute de Suharto et l'avènement de la Reformasi
- 11. Chronologie contemporaine
- 12. Bibliographie
INDONÉSIE L'Indonésie contemporaine
Nom officiel | République d'Indonésie (ID) |
Chef de l'État et du gouvernement | Joko Widodo (depuis le 20 octobre 2014) |
Capitale | Jakarta |
Langue officielle | Indonésien |
Crise du système politique (1957-1959)
Au retour de son voyage en URSS et en Chine (novembre 1956), Sukarno, qui a vainement plaidé pour une participation du PKI au gouvernement, propose d'« enterrer les partis » et vilipende la démocratie libérale. Hatta démissionne de la vice-présidence (décembre 1956). Des cas d'insubordination militaire se produisent (tentatives de putsch), tandis que dans les îles extérieures les commandants militaires organisent la contrebande à grande échelle. Le général Nasution est revenu à la tête de l'armée de terre, ayant compris que toute évolution du régime se fera avec et non pas contre Sukarno. Relançant la réorganisation de l'armée, il s'attaque au pouvoir des « commandants régionaux » (panglima) et provoque des réactions violentes. Des rébellions militaires éclatent à Sumatra (novembre 1956), puis à Bornéo (Kalimantan) et à Célèbes. Les rebelles dénoncent les « politiciens » de Djakarta, l'hégémonie de Java, la surpeuplée, qui exploite la richesse des autres îles, le danger communiste. Ils réclament le retour de Hatta aux affaires. En 1958, ils forment à Sumatra, avec des dirigeants du Masjumi et du PSI, un gouvernement rival de celui de Djakarta (PRRI-Permesta). C'est la guerre civile. Des négociations ayant échoué, le général Nasution lance alors une répression armée et occupe rapidement les bases rebelles. La lutte prend fin en 1961.
Cette rébellion, soutenue par les Américains (Sukarno ne l'oubliera pas), a d'importantes conséquences. La loi martiale proclamée en mars 1957 donne soudain à l'armée d'importants pouvoirs ; le fait qu'elle ait sauvegardé l'État renforce sa demande d'un rôle politique, tandis que l'élimination des chefs rebelles, rivaux de Nasution, confère à celui-ci une autorité sans précédent. Par ailleurs, en novembre 1957, la campagne pour l'Irian devient plus agressive. Les syndicats de gauche saisissent les biens des Hollandais qui sont expulsés. Aussitôt, l'armée en prend le contrôle et le conserve lorsque ces entreprises sont nationalisées. Elle entend bien profiter de ces nouveaux avantages politiques et économiques.
Entre-temps, Sukarno a ressaisi l'initiative. Il propose (février 1957) d'abandonner la démocratie « à l'occidentale » qui ne convient pas à l'identité indonésienne pour une « démocratie dirigée » qui referait l'unité nationale. Tous les partis seraient représentés au gouvernement et un conseil national regrouperait des représentants des « groupes fonctionnels », reflétant la société plus directement que les partis au Parlement. On en reviendrait aux valeurs traditionnelles de musjawarah (discussions) et de mufakat (consensus) au lieu du décompte des voix.
Si les partis regimbent, le général Nasution, lui aussi hostile aux partis, soutient l'évolution qui se dessine. Le gouvernement Djuanda (avril 1957), dit « de travail », n'est plus fondé sur les partis dont le rôle perd désormais de l'importance. Extra-constitutionnel, le Conseil national devient le lieu des discussions sur le nouveau système politique. Elles sont dominées par le rapprochement – d'ailleurs limité – de Sukarno et de Nasution qui souhaitent tous deux écarter le système des partis au profit d'un exécutif fort. Pour Nasution (qui poursuit, pacifiquement, la manœuvre de 1952), l'armée ne doit pas prendre le pouvoir par un coup d'État (comme le bruit en court), mais y participer, ne pas être la « grande muette » : c'est la « voie moyenne » définie en novembre 1958. L'idée des groupes fonctionnels est le moyen de donner à l'armée le rôle qu'elle demande, et, au-delà des divisions idéologiques et partisanes, de renforcer l'unité nationale selon le principe de la « grande famille » – vision corporatiste de l'État opposée à l'analyse marxiste. Sukarno envisage de former avec les groupes[...]
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Écrit par
- Romain BERTRAND : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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