- 1. Le mouvement nationaliste (1908-1941)
- 2. L'occupation japonaise (1942-1945) et la proclamation de l'indépendance (17 août 1945)
- 3. La lutte pour l'indépendance (1945-1949)
- 4. Essai de démocratie parlementaire « à l'occidentale » (1950-1957)
- 5. Crise du système politique (1957-1959)
- 6. La « démocratie dirigée » (1959-1965)
- 7. « Confrontation » et virage à gauche
- 8. La prise du pouvoir par l'armée (1965-1967)
- 9. L'« ordre nouveau »
- 10. La chute de Suharto et l'avènement de la Reformasi
- 11. Chronologie contemporaine
- 12. Bibliographie
INDONÉSIE L'Indonésie contemporaine
Nom officiel | République d'Indonésie (ID) |
Chef de l'État et du gouvernement | Joko Widodo (depuis le 20 octobre 2014) |
Capitale | Jakarta |
Langue officielle | Indonésien |
La prise du pouvoir par l'armée (1965-1967)
La crise éclate dans la nuit du 30 septembre 1965 : six généraux du haut commandement de l'armée de terre, dont Ahmad Yani, sont arrêtés et tués : A. H. Nasution s'échappe de justesse. Auteur avoué du coup de force, le Mouvement du 30 septembre, animé par des « officiers progressistes », s'empare de quelques points clés de la capitale et affirme avoir sauvé le régime de Sukarno en déjouant le coup d'État projeté par un conseil des généraux soutenu par la CIA. La formation d'un Conseil de la révolution est annoncée. Quelques actions du même genre ont lieu à Java-Centre, mais le mouvement reste dans l'ensemble très limité. Si le PKI publie son approbation à cette « action intérieure à l'armée », le président Sukarno, pour sa part, refuse de donner aux officiers dissidents la caution officielle qu'ils escomptaient. Simultanément, une réaction s'organise sous les ordres du général Suharto, chef de la réserve stratégique, qui, ayant assumé contre la volonté de Sukarno la direction de l'armée, reprend le contrôle de la capitale, puis de la base aérienne, quartier général des rebelles, en quelque vingt-quatre heures : le mouvement a échoué. S'il demeure obscur sur de nombreux points – qui des deux adversaires, le PKI et l'armée, a manipulé l'autre ? quel a été le rôle de Sukarno ? – la suite est dramatiquement claire. Tandis que Sukarno essaie vainement de maintenir le statu quo, l'armée, sous la direction de Suharto, passe à l'action. Attribuant toute la responsabilité du coup aux communistes, elle déclenche à travers le pays une répression sauvage : plus de sept cent mille personnes sont massacrées, le PKI est physiquement liquidé, ses dirigeants abattus, des milliers d'arrestations ont lieu. Dans les mois qui suivent, une lutte d'influence prudente mais sans merci se déroule entre Sukarno et le nouveau pouvoir militaire qui s'appuie sur les étudiants (musulmans et catholiques) et les éléments antisukarnistes (ex-Masjumi et PSI), pour entretenir la tension dans les rues de Djakarta, tout en encourageant un mouvement antichinois. Sukarno, qui conserve de nombreux partisans, même dans les forces armées, refuse de déclencher une guerre civile et, le 11 mars 1966, se voit contraint de céder certains pouvoirs au général Suharto. Celui-ci en profite aussitôt pour interdire le PKI et arrêter quinze ministres. Resté président en titre, Sukarno ne capitule pas et continue d'en appeler à la révolution et à l'histoire. Manœuvrant avec prudence et habileté pour le déconsidérer, Suharto le fait déposer par l'Assemblée du peuple, qu'il a épurée et remaniée (mars 1967), avant de se faire lui-même nommer président (mars 1968). Sukarno, enfermé chez lui, malade, meurt en juin 1970.
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Écrit par
- Romain BERTRAND : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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