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INDONÉSIE Les arts

Les arts de l'époque de Java centrale (750 env.-950 env.)

L'art indo-javanais, ainsi appelé parce qu'à cette période les modèles indiens sont encore très proches, ou dit « de Java centrale », parce que c'est là que se trouvent la plupart des monuments qui s'y rattachent, correspond aux sanctuaires édifiés sous les règnes de Śailendra, des souverains de la lignée de Sañjaya et des rois de Matarām. La chronologie des monuments de Java centrale demeure incertaine. Tout d'abord, cet art s'inscrit dans une évolution dont les plus anciens témoins étaient en matériaux périssables, de telle sorte qu'il nous apparaît tout formé, pourvu d'un répertoire de motifs où il est malaisé de discerner l'ancien du plus récent, indépendamment du fait que des tendances locales se manifestent. En outre, les inscriptions ne correspondent pas toujours à l'état actuel du monument, les temples primitifs ayant souvent été embellis, agrandis ou remplacés. Quant à la fin de cette période, elle est difficile à préciser. Abstraction faite de ce que quelques sanctuaires de Java-Est appartiennent à l'art de Java centrale, un temple, le Caṇḍi Lara Jonggrang, contient en germe certaines caractéristiques de la phase ultérieure dite de « Java orientale ». D'autre part, l'étude des débuts de l'art de Java orientale est rendue difficile parce qu'il ne subsiste que très peu de monuments de la période comprise entre 930 et 1250 environ.

À Java centrale, les grands sites de l'art indo-javanais sont, dans le Nord, le plateau de Dieng et le mont Ungaran, dans le Sud, la plaine de Keḍu et, à l'ouest de cette plaine, la région de Prambanan. Des différences très nettes apparaissent entre les monuments du Nord et ceux du Sud.

Le plateau de Dieng, situé à 2 000 mètres d'altitude, s'étend du nord au sud sur 1 800 mètres et d'est en ouest sur 800 mètres dans sa partie la plus large. Entouré de volcans et semé de lacs et de sources sulfureuses, il a vraisemblablement été considéré comme un lieu saint dès avant l'indianisation de Java. Sur les dix-huit emplacements de sanctuaires repérés, il n'y a plus que huit temples encore debout, les autres étant réduits à des vestiges de soubassements. Ces huit sanctuaires sont le groupe d'Arjuna (Arjuna, Semar, Srikandi, Puntadewa, Sembadra), le Darawati, le Gatotkaca et le Bhima. Appelés, comme tous les sanctuaires javanais, des caṇḍi (mot qui voudrait dire temple funéraire), ils sont çivaïtes, de forme carrée et d'assez petites dimensions (en moyenne 5 m de côté à la base). Leur structure générale, abstraction faite de certaines particularités, est celle de tous les sanctuaires simples de l'art de Java centrale. Elle est tripartite ; un soubassement quadrangulaire assez élevé supporte le corps du sanctuaire, qui est couvert d'une toiture en faux étages. Le soubassement est orné d'un jeu de moulures, et l'on accède à sa surface, généralement assez large pour permettre une circumambulation rituelle, par un escalier pris entre deux échiffres dessinant une courbe suivie d'une contre-courbe. Ces échiffres se terminent généralement, à la base de l'escalier, par des têtes de makara, animal mythique caractérisé par une trompe d'éléphant et une gueule béante abritant souvent un autre animal, par exemple un lion assis. Parvenu à la surface du soubassement, le roi ou l'officiant (pas plus qu'en Inde ces monuments n'étaient publics) pénètre dans la cella par un vestibule faisant saillie sur la face principale du sanctuaire. Chacune des trois autres faces présente fréquemment une saillie médiane creusée d'une niche qui devait abriter une statue. La toiture est faite de deux ou trois faux étages en retrait les uns sur les autres, imitant chacun le corps du sanctuaire. À chaque niveau[...]

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1200 à 1300. L'Asie des Mongols - crédits : Encyclopædia Universalis France

1200 à 1300. L'Asie des Mongols

<it>Les Danseuses javanaises à l'esplanade</it>, gravure sur bois - crédits : AKG-images

Les Danseuses javanaises à l'esplanade, gravure sur bois

Danse <it>topeng</it> - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Danse topeng

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