INDONÉSIE Les ethnies
Les agriculteurs de rizières irriguées
Un deuxième type social est formé par l'ensemble des populations que la culture de l'Inde a marquées plus ou moins fortement, c'est-à-dire par les populations de Java, de Bali et, à un moindre degré, de Lombok. Dans ces régions, la culture du riz par irrigation a permis de bonne heure l'alimentation de communautés assez denses et rendu possible la formation d'États relativement complexes et étendus ; il est apparu une hiérarchie administrative, chargée du prélèvement des taxes et du maintien de l'ordre, et une culture palatine s'est élaborée (art de cour, goût de ce qui est « raffiné », halus, par opposition à ce qui est « grossier », kasar). L'introduction de l'islam a apporté quelques modifications à ce substrat, sauf à Bali où prévaut toujours une forme originale d'hindouisme. Une autre caractéristique de ces sociétés est leur essor démographique : en 1990, il y avait 107 millions d'habitants à Java et 2 778 000 à Bali ; c'est dans ces campagnes que l'on trouve les densités les plus fortes et que se pose avec le plus d'acuité le problème de la surpopulation.
Le pays javanais
Le pays javanais proprement dit (où se parle la langue javanaise) occupe le centre et l'est de l'île et compte environ 120 millions d'habitants. Les massifs de l'Ouest sont occupés par les Soundanais (pays Sunda) et, dans l'Est, des immigrants madourais (île de Madura) se sont mêlés aux Javanais. Soundanais et Madourais ont été plus profondément marqués par l'islam ; les premiers sont essentiellement agriculteurs, les seconds, tournés vers la mer, élèvent des bovins qu'ils exportent, exploitent des marais salants et s'adonnent à la pêche.
À Java-Centre, le paysage se présente souvent comme une mer de rizières inondées, avec, à l'horizon, le cône d'un volcan, et, de loin en loin, les bouquets de cocotiers qui signalent la présence des villages (desa). Autour des maisons, construites à même la terre, avec un plancher et un toit en tuiles, on trouve bambous et bananiers, arbres fruitiers et plantations sèches (tabac, piment, bétel). Un réseau de routes en terre permet de gagner la bourgade toujours proche, où se tient le marché (pasar) et où résident les fonctionnaires locaux, les prêteurs sur gages et les boutiquiers chinois. À Java-Est, la sécheresse plus prononcée, l'existence de grandes plantations (canne à sucre) et de forêts de teck (jati) donnent à la région un autre aspect.
Bien que la cellule de base soit la famille au sens étroit (la polygamie étant peu répandue chez les paysans, mais les enfants étant nombreux : plus de dix souvent), la famille élargie est loin d'avoir perdu toute sa force contraignante ; elle fonctionne d'ailleurs aussi à la façon d'un système d'assurance mutuelle. Au niveau du village, le sens de la solidarité est très développé (système d'entraide dit gotong royong).
La question s'est posée, difficile en l'absence de toute étude cadastrale détaillée, de savoir quels facteurs de division pouvaient être à l'œuvre au sein de cette société javanaise. Les ethnologues américains (école de Clifford Geertz) retiennent surtout des facteurs traditionnels en insistant sur les trois attitudes religieuses fondamentales, sur les trois grands « courants » (en javanais aliran) que certains Javanais distinguent eux-mêmes. En premier lieu, on trouve les abangan (de abang, « rouge »), c'est-à-dire la majorité des paysans des campagnes, qui, proches de l'antique animisme, croient en l'existence d'une multitude d'esprits et cherchent à se les concilier, par l'intermédiaire d'un dukun (individu doté d'un psychisme supérieur), ou par l'organisation de repas de communion (slametan[...]
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Écrit par
- Denys LOMBARD : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias
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