INDONÉSIE Les ethnies
Les hommes des côtes
Tournées vers la mer, préoccupées de pêche et de commerce, les populations côtières ont développé, à partir du xve siècle, une culture commune.
Les sultanats malais
Ces régions ont été fortement touchées par l'islam et l'on y parle généralement le malais. Il s'y est épanoui une littérature faite de poésies, d'épopées, de chroniques. Formées d'éléments locaux mais aussi importés (de Sumatra et même d'Inde ou de Chine), les sociétés, installées à l'embouchure des fleuves dans leurs villages sur pilotis (kampung), n'ont eu généralement que des rapports assez lâches avec les montagnards de l'intérieur, dont elles exigeaient surtout la livraison d'esclaves et de tributs (produits de la forêt qu'elles se chargeaient de réexporter). Politiquement, elles se présentaient comme de petites monarchies autonomes (sultanats) ; socialement, elles étaient nettement hiérarchisées avec une aristocratie (orang kaya), une classe d'hommes libres et une masse plus ou moins considérable d'esclaves. L'instauration de l'ordre indo-néerlandais a eu le plus souvent pour effet de confirmer ces hiérarchies, en ajoutant au prestige charismatique de leurs chefs. Économiquement, ces sociétés se signalent par une grande diversité : aux travaux de la mer s'ajoutent une agriculture variée (culture du cocotier et du riz avec ou sans irrigation, légumes de jardinage, plantes commercialisables) et plusieurs types d'artisanat. Dans cette partie du pays, un État moderne a des chances de rencontrer les individus les mieux préparés à un développement de type capitaliste.
Parmi ces gens de la côte, citons les Malais de toute la zone orientale de Sumatra, depuis la pointe d'Aceh jusqu'au détroit de la Sonde, très proches de ceux de la péninsule malaise, dont seul le fait colonial les a séparés, ceux des îles situées entre Sumatra et Kalimantan (archipel des Riau, Lingga, Bangka, Belitung), les habitants des côtes de Kalimantan. Les populations de la péninsule sud-occidentale de Célèbes (16 millions d'habitants en 2005) sont divisées linguistiquement en deux groupes : les Makasar et les Bugis qui formaient naguère une série de petits royaumes plus ou moins autonomes (Goa, Bone, Soppeng, Wajo). La complexité de leurs systèmes sociaux, qui mêlent à la fois les critères familiaux et hiérarchiques, a fait l'objet de quelques bonnes études (H. J. Friedericy, H. T. Chabot, R. Kennedy). Fortement islamisés, bien que conservant des traditions antérieures (notamment le culte de regalia, appelé ici arajang, confié à un collège de bissu, ou hommes se vêtant en femmes), les Bugis sont, depuis le xviie siècle, tournés vers la mer ; « pirates » ou marchands (on a conservé certains de leurs codes commerciaux), ils ont essaimé de petites colonies à Kalimantan, à Sumbawa et jusqu'en péninsule malaise.
Les îles aux épices
Il convient encore d'évoquer les populations des Moluques, en particulier celles d'Ambon (Amboine sur nos cartes), qui, pour nombre d'entre elles, ont été profondément restructurées aux xvie et xviie siècles, à l'époque du commerce des épices. Là, l'islam ne fut pas seul à l'œuvre, le catholicisme des Portugais, puis le calvinisme des Hollandais furent aussi de puissants facteurs de changement. Les effets furent souvent comparables : abandon des parlers locaux en faveur du malais et tendance à l'émigration, notamment par enrôlement dans l'armée coloniale. Ces conversions n'effaçaient pas la totalité du substrat, et plusieurs études (F. L. Cooley) ont mis l'accent sur le maintien des clans patrilinéaires (dati) et sur celui des officiants animistes (mauwang) qui subsistent toujours à côté des pasteurs ou des imām.
Les centres urbains
Dans les grands centres urbains[...]
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Écrit par
- Denys LOMBARD : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias
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