Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉLECTRONIQUE INDUSTRIE

L'informatique

C'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale que John von Neumann met à profit, aux États-Unis, les idées émises en 1936 par le Britannique Alan Mathison Turing. Aujourd'hui encore, les calculateurs numériques universels (en anglais general purpose computers) fonctionnent suivant les conceptions de von Neumann : « Je vais voir dans la mémoire de programmes ce que je dois faire maintenant – Je vais voir dans la mémoire de données la donnée sur laquelle je dois agir – J'agis – Je retourne voir dans la mémoire de programmes... ». Depuis 1995, les Français les appellent souvent « ordinateurs », notamment quand il s'agit des matériels domestiques (« ordinateur personnel » pour le vocable anglo-américain personnal computer).

Même si un Allemand, Konrad Zuse, a sans doute réalisé en 1944 le premier calculateur numérique opérationnel, on s'accorde à donner comme point de départ de l'informatique moderne, la réalisation (en 1945) de l'Electronic Numerical Integrator And Computer (E.N.I.A.C.) construit par les Américains J. Presper Eckert et John Mauchly, énorme machine de 30 tonnes contenant 18 000 tubes électroniques et dissipant une puissance énorme, avec une fiabilité réduite.

À cette époque et pendant une dizaine d'années (jusqu'à la fin des années 1950), on a utilisé avec efficacité des « calculateurs analogiques », dont on modifiait le fonctionnement en câblant différemment leurs éléments. Leur puissance de calcul était ridicule comparée à la puissance des machines numériques qu'utilisent aujourd'hui Météo France ou le C.É.A. – la précision du calcul ne dépassait pas 1 p. 100 –, mais elles furent bien utiles (exemple : le calculateur Analac de la française C.S.F.).

Dès le début des années 1950, sous l'impulsion des ingénieurs du ministère de l'Air, on a construit en France (François Raymond de la S.E.A.) des calculateurs numériques pour remplacer les précédents. On trouvait en France, à la fin des années 1950, des calculateurs de 2 mètres cubes appelés CAB 500 (de la même S.E.A.) programmés à l'aide d'un « langage évolué », voisin du langage américain Basic.

Il faut préciser qu'à cette époque on programmait généralement les calculateurs universels en « langage machine », un langage (fastidieux) très près du fonctionnement de la machine, par opposition aux nombreux langages dits « haut niveau » qui vont fleurir et qui sont plus proches du langage de tout un chacun (anglophone !), et adaptés à l'usage que l'on veut faire de la machine (Fortran d'I.B.M. pour le calcul scientifique par exemple, Cobol pour l'informatique de gestion, Jovial pour les systèmes de défense aérienne, plus tard le langage Ada du Français Jean Ichbiah standardisé par les militaires américains et l'O.T.A.N., puis... le langage C, le C++, le Java, etc. Ces langages de haut niveau ont besoin d'être traduits pour être compris par la machine (par exemple grâce à des programmes traducteurs dits « compilateurs »).

Le premier calculateur numérique universel embarquable français a sans doute été, au milieu des années 1960, celui du système d'armes antiaérien Crotale de Thomson, qui n'a pu être réalisé au début en circuits intégrés (faute d'avoir ce genre de composants « militarisés ») et dont la mémoire pouvait contenir 8 kilo-octets (le moindre ordinateur portable avait, en 2006, une mémoire un million de fois plus importante !), et cela avait été un gros progrès de le transformer en « Douchka » (c'est-à-dire de l'équiper d'une mémoire contenant plus de douze kilo-octets).

À la fin des années 1950, Jean-Pierre Brulé, à I.B.M.-France, proposa de réaliser des machines numériques à transistors pour aider au contrôle des avions militaires dans[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien directeur technique général de Thomson et de Thomson-C.S.F. (aujourd'hui Thales)

Classification

Médias

André-Marie Ampère - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André-Marie Ampère

Alexander Graham Bell - crédits : Ullstein Bild/ Getty Images

Alexander Graham Bell

William Crookes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

William Crookes

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    Les pays d'Asie orientale se sont spécialisés dans lafabrication électronique : téléviseurs (62,6 % de la production mondiale en 2005), lecteurs de DVD (90 %), téléphones mobiles (58 %), ordinateurs domestiques (90 %), appareils photos numériques (100 %). La Chine est devenue le « pays atelier »...
  • CALIFORNIE

    • Écrit par
    • 3 080 mots
    • 8 médias
    ...par la National Aeronautics and Space Administration (NASA). Les crédits accordés à l’université Stanford par le ministère de la Défense financent la recherche et le développement de matériel électronique puis de l’informatique dans la vallée de Santa Clara – appelée Silicon Valley à partir des années...
  • CHINE - Économie

    • Écrit par et
    • 8 244 mots
    • 5 médias
    ...augmenté de 12 p. 100 par an en moyenne depuis trente ans, et qui est à 80 p. 100 issue des secteurs manufacturiers. Les industries électriques et surtout électroniques ont connu un essor spectaculaire, propulsé par des investissements étrangers et la forte demande extérieure et intérieure pour ces nouveaux...
  • CIRCUITS INTÉGRÉS

    • Écrit par et
    • 8 993 mots
    • 20 médias
    Le marché des semi-conducteurs, bien que fortement instable, croît en moyenne de 14 p. 100 par an depuis 1960. C'est un marché très compétitif et à hauts risques. En effet, en plus de la croissance exponentielle du coût des équipements de gravure proprement dits, il faut investir entre 3 et 5 milliards...
  • Afficher les 44 références