- 1. Les étapes techniques de l'industrialisation
- 2. La prépondérance de l'industrie : portée et limites
- 3. La troisième révolution industrielle, scientifique et technique
- 4. Les conditions économiques de l'industrialisation. La « société industrielle »
- 5. L'industrialisation à la périphérie du système capitaliste mondial
- 6. Bibliographie
INDUSTRIE Industrialisation et formes de société
La prépondérance de l'industrie : portée et limites
Transfert de la main-d'œuvre
L'augmentation massive de la part de la population active employée dans l'industrie caractérise le processus d'industrialisation. En France cette proportion de la population active employée dans l'industrie et l'artisanat de production passe de 15 p. 100 à la veille de la Révolution française (l'artisanat étant alors prépondérant) à 26 p. 100 au milieu du xixe siècle pour la seule industrie au sens strict (artisanat exclu). Corrélativement, la population agricole, qui comprend 55 p. 100 de la population active à la veille de la Révolution et encore 52 p. 100 en 1850, passe à moins de 24 p. 100 à partir de 1960. Cependant, si le processus du transfert de la population de l'agriculture à l'industrie est linéaire, il n'en est pas de même de l'évolution de celle du secteur tertiaire (employés dans le commerce, les transports, l'administration et les services). Celle-ci diminue dans un premier temps de l'industrialisation et sa proportion tombe de 30 p. 100, en 1780-1790, à 20 p. 100 soixante ans plus tard, rejoint celle de l'industrie en 1955 et depuis la dépasse.
Ce phénomène très général invite à distinguer trois périodes dans l'industrialisation : la période précoce (la révolution industrielle), la période mûre (pour la France, 1850-1950) et la période contemporaine. Ces mêmes tendances se retrouvent partout où l'industrialisation est chose faite. En Grande-Bretagne, le mouvement a été beaucoup plus précoce, puisque déjà, en 1811, l'industrialisation occupe 39 p. 100 de la population active (47 p. 100 aujourd'hui), la part de l'agriculture ayant perdu sa prépondérance dès le xixe siècle (34 p. 100 de la population active en 1811) pour disparaître presque au début du xxe siècle (9 p. 100 en 1901 et 4 p. 100 actuellement) au profit d'abord de l'industrie, puis de l'industrie et des services à partir des premières années du siècle (la part de la population tertiaire étant de 50 p. 100 aujourd'hui). Aux États-Unis, les proportions suivent celles de l'Europe jusqu'à la Première Guerre mondiale : la part de la population industrielle passe de 12 p. 100 en 1820 à 33 p. 100 en 1920, et celle de l'agriculture de 72 à 28 p. 100. Mais depuis, les formes modernes propres à la troisième phase de l'industrialisation s'y accélèrent et prennent de l'avance sur l'Europe, la proportion de la population tertiaire ayant déjà dépassé celle de l'industrie en 1900, pour atteindre 60 p. 100 de nos jours (tandis que la proportion de la population industrielle diminue depuis 1950 : de 37 p. 100 à 33 p. 100). En U.R.S.S. le processus de l'industrialisation, qui avait commencé dans la Russie impériale des années 1890-1914, s'accélère entre 1930 et 1965 : la proportion de la population industrielle passe de 8 p. 100 en 1928 à 35 p. 100 ; mais les formes modernes de la « société industrielle », associées à la croissance plus rapide des services, n'apparaissent qu'après 1960 (la proportion de la population tertiaire est restée inférieure à celle de la population industrielle jusqu'en 1968).
Croissance du secteur tertiaire dans le revenu national
La prédominance de la production industrielle dans le revenu national s'affirme de la même manière comme le résultat principal de l'industrialisation. Sur la base 100 en 1938, la production industrielle française passe de 6,3 avant la Révolution à 19,5 au milieu du xixe siècle, 57,8 pour les années 1905-1913 et 187,7 pour la période de 1955 à 1959. Cette progression, de l'ordre de 2 p. 100 l'an pendant un siècle et demi, s'accélère après la Seconde Guerre mondiale, n'ayant jamais été depuis 1947 inférieure à 4 p. 100[...]
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Écrit par
- Samir AMIN : professeur de sciences économiques, directeur de l'UNITAR, Dakar (Sénégal)
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