- 1. Les étapes techniques de l'industrialisation
- 2. La prépondérance de l'industrie : portée et limites
- 3. La troisième révolution industrielle, scientifique et technique
- 4. Les conditions économiques de l'industrialisation. La « société industrielle »
- 5. L'industrialisation à la périphérie du système capitaliste mondial
- 6. Bibliographie
INDUSTRIE Industrialisation et formes de société
Les conditions économiques de l'industrialisation. La « société industrielle »
L'homogénéisation des conditions sociales se manifeste par cinq lois essentielles du mode de production capitaliste achevé (industriel) : homogénéisation de la quantité de travail fourni par individu d'une branche à l'autre ; homogénéisation de la qualité de ce travail (la généralisation du travail simple) ; égalisation de la rémunération du travail, à qualification égale ; généralisation de l'emploi de formes de production capital-intensive (dans le vocabulaire des économistes, de méthodes « hautement capitalistiques ») ; péréquation du taux de profit.
Au marché généralisé des produits, l'industrie ajoute la généralisation du marché du travail et des capitaux. C'est dans ce cadre qu'il faut situer la constitution, dans les pays industrialisés, d'ensembles industriels autocentrés, rendant véritablement solidaires pour la première fois les diverses régions d'Occident. Ce caractère autocentré permet – par la généralisation des effets d'entraînement d'une industrie sur celles qui, placées en amont, lui fournissent ses matières premières et produits semi-finis ou, en aval, constituent pour elle un débouché – la diffusion à l'ensemble de l'organisme économique du progrès qui apparaît en l'un quelconque de ses pôles. Dans le même contexte, il convient de comprendre les étapes de l'évolution des formes de la concurrence, et singulièrement la substitution de la concurrence entre monopoles à partir de la fin du xixe siècle aux formes antérieures (« classiques ») de la concurrence qualifiée d'« atomistique ».
C'est le rôle décisif de l'industrialisation dans l'achèvement de toutes ses formes socio-économiques qui donne aux sociétés modernes leur caractère « industriel ». Cette civilisation industrielle se manifeste par trois caractéristiques générales évidentes : l'accélération de l'urbanisation, qui est allée de pair avec une énorme poussée démographique, l'accélération des taux de croissance du progrès dans tous les domaines de la vie matérielle, et un ensemble de formes d'organisations sociales qui paraissent en liaison étroite avec le développement des formes du travail salarié mécanisé. Cependant il demeure que l'industrialisation de type capitaliste est affectée de limites historiques.
Explosion démographique et urbanisation
L'industrialisation de l'Occident s'est accompagnée de la plus extraordinaire explosion démographique que l'humanité ait jamais connue depuis la préhistoire. En 1800, la population européenne (d'Europe et d'Amérique du Nord) ne dépassait pas 190 millions d'individus, soit moins d'un quart de la population mondiale. En 1900, elle en comptait 510 millions, soit un tiers de la population mondiale, et en 1950, plus de 800 millions, soit près de 35 p. 100 de celle de la planète. Contrairement à un préjugé récent, l'industrialisation de l'Occident, non seulement a été accompagnée d'une croissance démographique relativement forte (de l'ordre de 1 p. 100 par an), mais encore cette croissance a élevé très sensiblement la proportion de la population européenne du monde industriel. L'explosion démographique du Tiers Monde est récente et, au terme de vingt années de celle-ci (en 1970), les populations d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine n'avaient toujours pas retrouvé leur position relative de 1800. C'est dire que l'attention portée au « péril démographique » qu'encourraient les populations du monde industrialisé européen, menacées d'être submergées par les masses non européennes du Tiers Monde, ne correspond pas toujours bien au mouvement de l'histoire réelle.[...]
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Écrit par
- Samir AMIN : professeur de sciences économiques, directeur de l'UNITAR, Dakar (Sénégal)
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