INÉGALITÉS ÉCONOMIQUES (NOTION D')
Le souhaitable et le possible
Cependant, avance Amartya Sen, Prix Nobel d'économie en 1998, l'évolution du P.I.B. par tête, utilisé pour ces mesures d'inégalités, ne dit rien de la façon dont est affectée la capacité de chaque être humain à mieux (ou moins bien) réaliser ses « capacités » physiques, humaines, intellectuelles, affectives... Même avec des revenus plus élevés, nombre d'hommes vivront moins bien dans un environnement dégradé, tandis que, en sens inverse, de faibles dépenses consacrées à la santé publique (lutte contre la malaria par exemple) peuvent avoir des effets bénéfiques très importants pour les personnes concernées par cette maladie. Sen raisonne moins en termes d'inégalités qu'en termes de « capabilités » : la possibilité de réaliser effectivement les capacités contenues en chaque homme. D'où l'importance de la démocratie : lorsque les gens ont la possibilité de faire entendre leur voix, les gouvernants sont contraints d'en tenir compte.
Cette approche diffère de celle de John Rawls qui, dans sa Théorie de la justice (1971), avance que, si la liberté de chacun et de tous est le bien premier par excellence, il s'agit ensuite d'assurer aux plus pauvres le revenu le plus élevé possible. Selon Rawls, dès lors qu'elles permettent d'améliorer le sort des plus pauvres, les inégalités, ou même leur accroissement, sont donc légitimes.
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Écrit par
- Denis CLERC
: conseiller de la rédaction du journal
Alternatives économiques
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