INFANTERIE
De tout temps, on a distingué deux grandes catégories de combattants : d'un côté, les fantassins qui se déplacent et combattent à pied, de l'autre, les cavaliers qui se déplacent et combattent à cheval ou en véhicule. Malgré ces différences, les uns et les autres composent ce qu'on appelle les troupes de mêlée, c'est-à-dire celles où l'on combat à courte distance, en voyant son propre adversaire et où l'on en arrive finalement au corps à corps, ces caractéristiques les opposant aux autres troupes dites d'appui qui, sans doute, participent à la lutte mais de plus loin et de façon moins permanente.
Quoi qu'il en soit, à notre époque où les combats durent sans interruption parce que les armées en guerre sont constamment face à face, c'est essentiellement à l'infanterie qu'il incombe de garder le contact de tous les jours, par patrouilles et embuscades, de protéger les chars à plus ou moins grande distance et de mener le combat dans toutes les régions impropres aux unités blindées : les localités, les bois et les bocages. Aussi, même si le rôle de décision aux très hauts échelons revient très souvent aux chars et à l'aviation, même si numériquement l'infanterie n'a plus l'importance qu'elle avait autrefois, elle continue à tenir un rôle éminent dans tous les combats, où elle subit toujours les mêmes fatigues, les mêmes tensions morales, les mêmes pertes, souvent sévères ; les modifications qui ont pu survenir proviennent surtout des progrès réalisés dans l'armement.
La « reine des batailles »
Dès les plus anciennes périodes de l'Égypte et de la Mésopotamie, les fantassins ont constitué l'élément principal du combat.
Dans la plupart des cas, ils s'aggloméraient en puissants carrés de plusieurs centaines d'hommes, formant ainsi l'infanterie lourde. Armés de piques ou de pointes, protégés par leurs boucliers, pressés les uns contre les autres, ils agissaient par leur masse.
Il existait, cependant, d'autres types de fantassins, ceux de l'infanterie légère. Dotés d'arcs, de frondes ou de javelots, ils ne pouvaient être employés en raison de leur armement que sur un ou deux rangs largement espacés. Aussi n'étaient-ils chargés que des escarmouches préliminaires, ou de la poursuite.
Un des plus parfaits exemples de l'infanterie lourde a été la phalange macédonienne, constituée par un carré de 64 hommes de côté (soit 4 096 hommes). Munis de la longue pique (la sarisse) et protégés par des casques et des cuirasses, formant des blocs compacts, ils jouaient le rôle de véritables rouleaux compresseurs, tandis que l'infanterie légère et les cavaliers agissaient ou devant ou sur les côtés.
La légion romaine
Le système de la phalange a été adopté par la plupart des armées et même au début par Rome ; cependant il manquait de souplesse. Aussi, dès le ive siècle avant J.-C., les Romains firent-ils éclater cette formation, en disposant les unités élémentaires (les manipules, forts de 80 à 160 hommes), en un gigantesque damier de trois lignes de dix manipules, où les vides occupaient autant de place que les pleins. Ce fut la légion qui pouvait très facilement, du fait de sa structure, ou bien se mettre en dix colonnes, ou faire passer la deuxième ligne devant la première, ou se mettre sur deux lignes seulement suivant les nécessités du combat. De plus, innovation psychologique, la troisième ligne – l'arrière par où arrive toute panique au combat– était constituée par des anciens et ne prenait part à la lutte qu'en cas de crise. La supériorité de cette formation se manifesta à Cynocéphales (197 av. J.-C.), où les légions de Flamininus, enfoncées par les phalanges de Philippe V, furent assez manœuvrières pour distraire dix manipules qui, lancés sur leurs arrières, provoquèrent leur déroute. Dès lors et pendant[...]
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Écrit par
- Henri de NANTEUIL : colonel, breveté de l'enseignement militaire supérieur, ancien professeur à l'École de guerre
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