INFANTERIE
À partir du XVIIIe siècle, les fantassins fusiliers
Le tout début du xviiie siècle marque une étape importante. En 1703, le fusil à baïonnette est adopté dans toute l'armée française et, en 1708, piques et piquiers sont définitivement supprimés. Dès lors les fantassins, tous fusiliers, combattent sur cinq à huit rangs seulement, tirant dans les intervalles ou l'un par-dessus l'autre. Les formations deviennent plus minces. Mais les armées (comprenant toujours au moins trois quarts d'infanterie) deviennent plus nombreuses. Aussi les fronts d'une bataille s'étirent sans cesse, tandis que le jeu des réserves, faisant disposer en arrière un nombre plus grand d'unités, leur donne une plus grande profondeur.
Le combat, cependant, reste classique, l'infanterie occupe tout le centre, la cavalerie les ailes. L'action commence par une canonnade, puis les unités s'affrontent, et lorsqu'une percée se réalise, ce sont des réserves d'infanterie qui sont d'abord lancées ; la cavalerie étant chargée de la poursuite, si elle est ordonnée.
Avec Frédéric II, l'infanterie devient plus manœuvrière. Grâce à une instruction très poussée, le tir est plus rapide (trois coups par minute) et plus précis. Il s'exécute même en marchant. En outre les unités deviennent beaucoup plus mobiles. Grâce à la facilité du maniement du fusil, les hommes peuvent se tenir au coude à coude (c'est l'ordre serré) et combattre sur seulement trois rangs de profondeur (c'est l'ordre mince par rapport aux six à huit rangs traditionnels de l'ordre profond). Au cours du combat, on peut donc rapidement dégarnir un point fort, mettre la troupe en colonne en vue d'un débordement et sur un simple commandement la faire pivoter d'un quart de tour, pour la replacer face à un flanc ennemi (c'est l'ordre oblique).
La fin du xviiie siècle va marquer une autre étape très importante en instituant le principe divisionnaire et en créant notamment des divisions d'infanterie « unités de toutes armes, capables de mener le combat pendant un certain temps ». Ces grandes unités comprennent deux à six régiments d'infanterie, un à trois de cavalerie, une dizaine de canons, des trains. Désormais, aux mêmes corps d'infanterie sont attachés les mêmes corps d'artillerie et de cavalerie, et les mêmes services. Il en résulte une plus grande cohésion chez les combattants et, de plus, dans la bataille, ces divisions sont interchangeables. Néanmoins la tactique des petites unités d'infanterie varie peu, le combat oppose toujours des lignes de trois rangs de fusiliers qui, avant tout combat, doivent d'abord s'aligner.
Sous l' Empire, la mobilité de l'infanterie a été poussée à l'extrême. Les fantassins marchent comme ils n'avaient jamais marché. En moyenne ils font 25 km par jour, ne s'arrêtant qu'une, à la rigueur deux journées par semaine, tels ces sous-officiers qui allèrent à pied de Cadix à Moscou. De plus, une nouvelle forme de lutte se répand, en Espagne notamment, qui réclame des initiatives plus individuelles que collectives : la guérilla. Après la bourrasque de l'Empire les Français, en métropole, en reviennent aux formations classiques, tout en renouant à partir de 1830 en Algérie avec les méthodes de contre-guérilla.
Or, pendant ce temps, les Prussiens préconisent des articulations serrées, peu profondes, mais très souples ; et, portant leur effort sur l'armement, ils adoptent, dès 1840, un fusil à tir rapide, le Dreyse, se chargeant par la culasse. Aussi, en 1870, les Allemands opposent des lignes de feu meurtrières qui se moulent sur le terrain, alors que les Français en sont encore à des formations rigides, et, qui plus est, confiants dans le chassepot de création récente et réputé supérieur au fusil prussien, ils se[...]
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Écrit par
- Henri de NANTEUIL : colonel, breveté de l'enseignement militaire supérieur, ancien professeur à l'École de guerre
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