INFANTERIE
Guérilla et infanterie modernes
Au cours de l'après-guerre, de bons esprits considérèrent assez rapidement que les rôles jusqu'ici dévolus aux chars et à l'aviation étaient secondaires, alors qu'ils pourraient être principaux s'ils étaient employés autrement. Au lieu de servir l'infanterie, ces armes pourraient agir seules, en masse, avec des objectifs lointains, et prendre la manœuvre à leur compte, rôle qui fut assigné aux Panzer et aux divisions blindées de 1940, appuyés par l'aviation.
L'infanterie passe alors tout à fait au second plan. Sans doute en a-t-on encore besoin pour protéger les chars, tenir les fronts secondaires ou effectuer des coups de main lointains et pour cela elle se motorise, mais elle n'est plus la première et elle doit se spécialiser. D'où l'apparition de l'infanterie mécanisée, équipée de véhicules blindés et combattant soit à pied, soit en voiture, à proximité des chars et les défendant, et celle de l'infanterie motorisée, plus autonome, se déplaçant en véhicules, mais combattant à pied, et enfin celle des parachutistes, se déplaçant par avion, sautant puis combattant à pied.
Ces différentes infanteries, qui virent le jour de 1940 à 1945 et contribuèrent aux succès des différentes armées, n'étaient cependant considérées que comme des accessoires de ce « fer de lance » qu'était « l'unité blindée » devenue le seul pion important du combat. Mais celle-ci portait en elle-même de très graves handicaps : son prix de revient et ses difficultés de ravitaillement. C'est pourquoi la puissance industrielle des États-Unis eut rapidement raison de la technicité et de l'entraînement des troupes allemandes.
C'est alors qu'apparut l'arme atomique qui, par sa puissance, sembla tout remettre en question. La bombe A (en 1945), bien que n'ayant été employée que deux fois et sur des objectifs civils, puis la bombe à hydrogène (1952) laissèrent supposer un moment que le rôle des armées, même blindées, était révolu. Pourtant des études plus poussées, des considérations d'ordre politique et humanitaire, et surtout le risque des retombées et des représailles, donnèrent à penser que ces bombes pourraient rester inutilisées, comme les gaz de 1940 à 1945. Aussi les grandes puissances ont-elles conservé des unités blindées assez semblables à celles de 1945, tout en les aérant et les allégeant, surtout de leur artillerie, en sorte qu'on y trouve une plus forte proportion de chars et de voitures blindées ; mais il y a toujours autant d'infanterie mécanisée ou motorisée, et bien entendu on a conservé les parachutistes.
Cependant, en 1942, en Russie, une autre forme de guerre avait réapparu : la guérilla et sa réplique, la contre-guérilla où chars et avions, de même que canons et camions, avaient peu de part. Dans la vénération qu'on avait alors pour le moteur, on n'y fit pas trop attention du côté occidental, et encore moins après Hiroshima. Mais, avec les guerres dites coloniales, de libération ou simplement civiles, cette forme de combat n'a cessé de se développer depuis 1945. L'infanterie, dans toute sa simplicité première, y a retrouvé sa place primordiale. Sans doute, les chars, les canons, les avions peuvent aider un parti ; mais, comme l'ont montré les combats du Vietnam et d'Afghanistan, une infanterie seule est capable de s'opposer à une armée dotée de grands moyens modernes.
Ainsi, malgré tous les progrès techniques, l'infanterie a encore aujourd'hui un rôle considérable à jouer. Équipée de nombreuses armes à courte portée (fusils, carabines, pistolets, grenades) dont certaines à tir rapide (pistolets mitrailleurs, fusils mitrailleurs ou mitrailleuses), dotée de moyens antichars et antiaériens légers, également à courte portée (lance-roquettes notamment),[...]
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Écrit par
- Henri de NANTEUIL : colonel, breveté de l'enseignement militaire supérieur, ancien professeur à l'École de guerre
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