INFLAMMATION ou RÉACTION INFLAMMATOIRE
L' inflammation, comme la douleur, l'hémostase ou l'immunité, fait partie des processus réactionnels de défense dont dispose l'organisme pour répondre aux agressions, et donc pour assurer le maintien de l'intégrité du « soi ». Si son existence a été reconnue depuis l'Antiquité – Celse, au temps de l'empereur Auguste, en décrivait déjà les signes cardinaux : savoir « rubor et tumor cum calor et dolor » – c'est-à-dire rougeur et gonflement associés à chaleur et douleur –, son approche scientifique a véritablement commencé au xixe siècle avec les travaux sur les mécanismes de l'infection bactérienne, en particulier ceux d'Ehrlich sur les anticorps et ceux de Metchnikoff sur la phagocytose. L'historique de la progression de nos connaissances sur l'inflammation durant le xxe siècle serait trop long pour trouver ici sa place. Il faut en tous cas souligner l'ubiquité de l'inflammation, la pluralité des cellules qui participent au processus, la liste qui s'allonge sans cesse des médiateurs qui interviennent dans son mécanisme, l'importance en particulier des cytokines et de l'immunité innée (ou immunité naturelle) dans sa pathogénie, l'étroitesse de ses relations avec les autres processus réactionnels et enfin la place grandissante des biothérapies dans son traitement. Ce sont là autant de chapitres d'un intérêt primordial en pathologie humaine et donc en médecine.
Histoire naturelle du phénomène inflammatoire
Causes
L'inflammation peut être déclenchée par les agressions les plus variées. Il peut s'agir par exemple de traumatismes (coupures avec brèche vasculaire, écrasement, entorse, fracture, intervention chirurgicale,...), d'infections microbiennes (bactériennes, virales, fungiques ou parasitaires), d'une réaction immunitaire à médiation humorale (dépendant de l'intervention d'anticorps comme dans l'allergie) ou cellulaire (dépendant de l'intervention de lymphocytes sensibilisés comme dans l'hypersensibilité retardée), d'une agression chimique ou physique (brûlure, gelure, rayons ultraviolets, rayons X, radio-isotopes...).
Une inflammation peut aussi être secondaire à un processus d'une autre nature : tumeur maligne, artériosclérose, arthrose... Dans de tels cas, il est clair que l'inflammation, qui peut être considérée comme un épiphénomène ou, si l'on préfère, une complication du processus primaire, n'est qu'au second plan dans le tableau de l'affection, même si elle peut avoir une incidence sur son évolution et mériter parfois de ce fait une approche thérapeutique particulière.
Étapes
Les pathologies expérimentale et humaine nous fournissent de nombreux exemples de réactions inflammatoires dont le tableau est très variable en fonction surtout de leur étiologie, du terrain sur lequel elles surviennent, et de leurs modalités évolutives. Sous-jacents à cette variabilité existent cependant des mécanismes et des traits communs à la plupart des réactions inflammatoires, ce qui permet de dresser un tableau d'ensemble de leurs manifestations et de leur évolution.
La réaction inflammatoire évolue généralement en trois phases : une phase de latence, une seconde phase dite d'activation ou, si l'on préfère d'amplification, et une troisième phase d'évolution débouchant soit sur la résolution du processus et sa guérison, comme c'est le cas dans l'inflammation aiguë, soit sur sa poursuite et son aggravation, comme c'est le cas dans l'inflammation chronique.
Phase de latence
La phase de latence est celle qui s'écoule entre l'introduction de l'agent déclenchant dans l'organisme (ou son simple contact avec lui) et l'apparition des premières manifestations objectives.
Cette phase de latence, comparable[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André-Paul PELTIER : médecin, ancien directeur de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale
Classification
Média
Autres références
-
RÉACTION INFLAMMATOIRE
- Écrit par Jean-Marc CAVAILLON
- 4 573 mots
- 5 médias
Après une exposition prolongée au soleil, la peau rougit, devient douloureuse, parfois « cloque » ; puis, en quelques jours, ces signes d’atteinte de la peau disparaissent. Le « coup de soleil » est un exemple de réaction inflammatoire, réponse physiologique normale, immédiate et transitoire à toute...
-
ABCÈS
- Écrit par Jacques BEJOT
- 516 mots
Collection purulente bien limitée qui se forme au sein d'un organe ou d'un tissu, au cours d'une réaction inflammatoire. Un certain nombre d'agents pathogènes, introduits accidentellement en un point de l'organisme, sont capables d'entraîner cette réaction dont le but est de les éliminer. L'exemple...
-
ACNÉ
- Écrit par Corinne TUTIN
- 3 313 mots
- 4 médias
Le stade suivant est celui de l’acné inflammatoire, avec papules, pustules pouvant évoluer vers la formation de nodules, souvent douloureux, et d’abcès ou de kystes. Cette inflammation résulte d’un déséquilibre de la flore cutanée (ou microbiote cutané) avec prolifération à l’intérieur du follicule... -
ALGODYSTROPHIE
- Écrit par Didier LAVERGNE
- 136 mots
Syndrome douloureux ostéoarticulaire accompagnant un remaniement du tissu osseux provoqué par des causes diverses : traumatisme violent (fracture), microtraumatismes (exercice de certaines professions), immobilisation d'un membre pour des raisons thérapeutiques (traitement d'une entorse) ou dans...
-
ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ
- Écrit par Bernard HALPERN , Georges HALPERN , Salah MECHERI et Jean-Pierre REVILLARD
- 12 574 mots
- 2 médias
...de la famille des chimiokines qui sont sécrétées par les cellules T et les macrophages soient chimiotactiques pour de nombreuses cellules immunitaires dont le recrutement au site inflammatoire s'effectue par l'intermédiaire de l'endothélium vasculaire. Les cellules de celui-ci sécrètent des vaso-dilatateurs... - Afficher les 32 références