INFLATION
Le retour de l’inflation
C’est au lendemain de la crise sanitaire liée à la Covid-19 que sont apparues les premières tensions sur les prix de certains biens, qui se sont transmises au niveau général des prix à la consommation. En octobre 2021, le rythme de l’inflation dans la zone euro dépassait 4 %, pour la première fois depuis juillet 2008, et atteignait 5 % en janvier 2022 ; avec la guerre en Ukraine et ses effets sur les prix de l’énergie et des matières premières agricoles, il s’est ensuite accéléré, dépassant 10 % en moyenne dans la zone euro en décembre 2022, et excédant même les 20 % dans les pays baltes.
Face à ce retournement draconien de la dynamique de l’inflation, les principales banques centrales ont d’abord jugé que cette poussée de fièvre était temporaire, liée à un effet de base : pendant la crise sanitaire, certains prix avaient baissé, de sorte que la mesure de leur augmentation en glissement annuel pouvait ne refléter qu’un rattrapage. Mais, face à la persistance de taux d’inflation très supérieurs à leurs objectifs – officiellement autour de 2 % en rythme annuel à moyen terme, pour la BCE comme pour la Fed –, les banques ont finalement infléchi leur politique monétaire, augmentant leurs taux directeurs à une cadence mensuelle jamais observée et mettant fin à leurs achats d’actifs, notamment publics, ce qui a entraîné une remontée importante des taux de rendement et un renchérissement important du coût de l’endettement public. Au sein de la zone euro, la diversité des situations nationales en matière de finances publiques et de taux d’inflation a compliqué un peu plus la prise de décision au sein du Conseil de la BCE.
La forte restriction monétaire mise en œuvre simultanément dans la plupart des pays développés a, comme on pouvait s’y attendre, engendré une baisse importante des prix des actifs, financiers d’abord, puis immobiliers dans une moindre mesure, ainsi qu’un ralentissement sensible de l’activité économique. Mais l’inflation s’est diffusée à l’ensemble des secteurs et continue d’être forte sur l’alimentation début 2023. La récession semble devoir être évitée et les marchés du travail restent dynamiques, avec des taux de chômage souvent au plus bas depuis le début des années 2010. Mais, alors que les augmentations de salaire ont été contenues à des rythmes souvent inférieurs à celui de l’inflation, évitant ainsi les risques de spirale prix-salaires tant redoutés par les banques centrales, les ménages subissent d’importantes pertes de pouvoir d’achat, tandis que, dans de nombreux secteurs, les entreprises, notamment les plus grandes, sont parvenues à augmenter leurs marges et leurs profits. Cette situation alimente les tensions sociales dans de nombreux pays européens.
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Écrit par
- Jacques LE CACHEUX : professeur des Universités à l'université de Pau et des pays de l'Adour
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