MORATH INGE (1923-2002)
La photographe américaine Inge Morath est née le 27 mai 1923 à Graz en Autriche. Son enfance se partagera entre les différentes résidences imposées par la carrière scientifique de son père : Munich, Berlin, Strasbourg, Darmstadt, Berlin encore où la famille revient s'établir en 1938. Inge Morath a des aptitudes pour les lettres et les langues vivantes, elle s'oriente vers des études de linguistique. En 1946, à Salzbourg, elle envisage de reprendre ses études interrompues par son refus d'adhérer aux organisations nazies. Elle accepte cependant un travail de traductrice à l'United States Information Service (U.S.I.S.), à Salzbourg puis à Vienne. Elle étend bientôt son activité au choix des photographies pour les diverses publications de l'U.S.I.S. et à la rédaction d'articles.
À Vienne, Inge Morath collabore à la revue Kurier, à la station de radio Rot-Weiss-Rot et participe, en 1948, à la création de la revue d'art Der Optimist. Werner Trabant, le rédacteur en chef de Heute, le magazine que les Américains éditent pour les pays occupés, lui propose le poste de directeur de la photographie pour l'édition viennoise du journal. Dans le numéro du 3 août 1949, elle commente et publie sur huit pages le reportage du photographe Ernst Haas sur le retour en Autriche des prisonniers de guerre : « Und die Frauen warten... ». Robert Capa, qui vient de fonder Magnum Photos, apprécie ce travail et propose aux deux jeunes auteurs de rejoindre le bureau parisien de l'agence.
En 1951, Inge Morath épouse le journaliste anglais Lionel Birch et sa carrière de photographe commence à la faveur du voyage qu'elle fait à Venise après son mariage. Ses connaissances techniques sont alors celles d'un amateur, mais sa sensibilité s'est affinée au contact des jeunes photographes de Magnum, en particulier Henri Cartier-Bresson. À son retour à Londres où elle réside désormais, Inge Morath décide de se consacrer à la photographie, en travaillant avec Simon Guttmann. Le fondateur de l'agence berlinoise Dephot est alors consultant pour le magazine Picture Post, et Inge Morath lui devra ses premières publications en 1951, sous le nom d'Egni Tharom. Elle réalise l'année suivante un reportage sur les prêtres-ouvriers, qu'elle montre à Robert Capa. La notoriété viendra en 1953 avec la publication dans la revue anglaise Holiday Magazine de la photographie de la milliardaire Eveleigh Nash, à Buckingham Palace. En 1954, Inge Morath voyage en Espagne où elle réalise plusieurs sujets pour Holiday Magazine. Ses images de Pampelune, en noir et en couleurs, paraissent en 1955 dans un premier livre, Guerre à la tristesse. L'ouvrage annonce le regard, à la fois humaniste et documentaire, qu'Inge Morath développera tout au long de sa carrière.
L'approche des civilisations et des cultures guidera la carrière d'Inge Morath qui intègre définitivement Magnum en 1956, année d'un voyage en Iran, qui la mène aussi en Irak, en Syrie et en Jordanie. Régulièrement publiée dans des revues comme Paris Match, Inge Morath multiplie les reportages en Europe, au Mexique, en Tunisie, aux États-Unis, tout en réalisant de nombreux portraits d'artistes : Calder, Cocteau ou Marilyn Monroe. De sa rencontre à New York avec le peintre Saul Steinberg naîtra une collaboration originale, des photographies de modèles portant des masques dessinés. Un livre, Le Masque, paraîtra en France en 1966, aux éditions Maeght. L'année suivante, Inge Morath, divorcée depuis 1954, épouse Arthur Miller. Plusieurs ouvrages naîtront de la collaboration de la photographe et de l'écrivain. Inge Morath devient citoyenne américaine en 1966. Se faisant plus rares, ses voyages suscitent des investigations plus profondes. Deux livres, In Russia (1967) et Russian Journal (1990), portent un regard attentif sur la société[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
Classification
Autres références
-
STEINBERG SAUL (1914-1999)
- Écrit par Nelly FEUERHAHN
- 1 802 mots
...: The New World (1965) devait ainsi s'intituler « Confessions ». Avec Le Masque (1966), produit d'une collaboration avec la photographe Inge Morath entre 1959 et 1962, Steinberg montre la vérité factice dont chacun s'affuble pour afficher un bonheur conforme. The Inspector (1973),...