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INGRES ET LE NU (repères chronologiques)

1808 Ingres, pensionnaire de l'Académie de France à Rome à la villa Médicis, présente comme étude obligatoire deux nus, La Baigneuse Valpinçon et Œdipe et le Sphynx (tous deux au musée du Louvre). La Baigneuse inaugure une série poursuivie par l'artiste durant toute sa vie, où il s'attache à la représentation d'une femme nue vue de dos. Le second est surtout novateur par la transformation de son sujet, à l'origine une simple académie d'homme nu, en scène dramatique.

1814 Ingres réalise La Grande Odalisque, un nu féminin vu de dos, pour répondre à une commande de Caroline Murat, épouse de Joachim Murat, roi de Naples.

1819 Dans Roger et Angélique (National Gallery, Londres), Ingres crée une nouvelle figure de nu féminin qu'il reprendra de loin en loin soit seule, soit en l'intégrant à un sujet historique ou littéraire, une femme nue debout.

Vers 1837-1840 Première version de l'Odalisque à l'esclave (Fogg Art Museum, Cambridge, Mass.), qu'Ingres reprendra un peu plus tard avec des variantes dans un deuxième tableau (Walters Art Gallery, Baltimore). Ingres y présente un nu féminin allongé, représenté de face, contrairement à La Grande Odalisque. Dans l'Odalisque à l'esclave, Ingres sacrifie une fois encore le rendu anatomique exact au profit de la forme pure : « Commencée dans un sentiment tranquille et simple, notre belle fille s'achève en lignes contournées et bizarre », écrira ainsi un critique.

1842 Ingres commence à travailler, au château de Dampierre, à deux grandes peintures murales commandées en 1839 par le duc de Luynes, qui a confié la restauration de sa demeure à l'architecte Félix Duban. L'une d'elles, L'Âge d'or, fait une large place aux nus masculin et féminin : « Un tas de beaux paresseux ! », écrira Ingres. Ingres abandonnera l'œuvre, encore inachevée, en 1849, mais en fera une réplique réduite en 1862 (Fogg Art Museum, Cambridge).

1848 Ingres reprend, pour le terminer, un tableau commencé en 1808 à Rome, Vénus anadyomène (musée Condé, Chantilly). Le tableau, exposé en 1848 puis à nouveau en 1855, est très admiré.

1856 Ingres achève La Source (musée d'Orsay, Paris), commencée à Florence en 1820, et peut-être inspirée des nymphes sculptées par Jean Goujon à la Fontaine des Innocents à Paris. Le tableau, qui pour les contemporains évoque les statues antiques et, par une « ondulation serpentine d'une suavité extrême », « la jeunesse et la chasteté du nu de jeune fille », suscite l'enthousiasme.

1862 Le Bain turc (musée du Louvre) synthétise toutes les recherches d'Ingres autour du nu féminin, poursuivies pendant un demi-siècle, depuis son séjour en Italie.

— Barthélémy JOBERT

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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