BERGMAN INGRID (1915-1982)
Née à Stockholm le 29 août 1915, de père suédois et de mère hambourgeoise, Ingrid Bergman se retrouve orpheline à treize ans. Son père, artiste lui-même, souhaite qu'elle devienne cantatrice, mais elle se sent vouée au théâtre. Elle est admise en 1933 à l'École royale d'art dramatique de Stockholm et l'un des membres du jury, le cinéaste Alf Sjöberg, lui dira plus tard : « De toute votre carrière, vous ne ferez peut-être jamais une aussi bonne entrée. » Ce qui ne l'empêche pas, l'année suivante, de laisser ses études pour un contrat d'actrice de cinéma. À vingt et un ans, elle gagne sa vie : six films l'ont révélée au public dont le dernier, Intermezzo (G. Molander, 1936), lui a valu une renommée internationale. Désormais, son existence se confond avec sa vocation.
Un mélange de romantisme et de puritanisme
En 1937, Ingrid Bergman épouse Petter Lindström, jeune médecin, qui épaule ses projets, favorise ses débuts à l'étranger – notamment en Allemagne d'où elle s'échappe tôt, glacée par la peur qui régnait dans les studios nazis –, puis son envol vers Hollywood (en 1939). Plus tard, elle va découvrir en Roberto Rossellini l'inspirateur. En fait, la période italienne (1949-1956), qui s'avéra pour elle décisive, et créatrice autant de sa personnalité que de son art, fut aussi un temps de dépression, d'échec et de rejet de la part d'une partie du public. Si des joies confortent le foyer – la naissance de Robertino, puis celle des jumelles Isabella et Ingrid –, les tensions s'accroissent qui incitent Ingrid Bergman à reprendre sa liberté, non sans conserver une ferveur qui ne s'éteindra plus. Enfin, son union avec le producteur Lars Schmidt fut sans histoire, mais leur éloignement progressif déboucha sur un divorce.
Une santé, un équilibre hors pair, l'ardeur au travail, une imagination protéiforme ont permis à Ingrid Bergman d'être, en un demi-siècle, la vedette de plus de cinquante films ainsi que de jouer à travers le monde Ibsen, Shaw, Tourgueniev..., en passant d'une langue à l'autre (elle en pratiquait cinq). Rebelle à l'amateurisme, l'artiste « la plus consciencieuse » que connut le producteur David O. Selznick s'était consacrée au professionnalisme le plus exigeant. Débarquant à Hollywood à vingt-quatre ans, petite provinciale face au grand patron, David O. Selznick, elle sut imposer son nom et maintenir son style : « On va vous laisser telle quelle — lui dit-il — vous serez la première actrice naturelle. » Ce qu'elle restera au dire de Gary Cooper, son partenaire dans Pour qui sonne le glas (1943), et de Graham Greene, dans sa chronique du Spectator.
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Écrit par
- Hubert HARDT : professeur honoraire, critique de cinéma
Classification
Médias
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