INNOVATION, notion d'
La portée de l'innovation
Les innovations affectent nos sociétés modernes de manière différenciée. Historiquement, ce sont les innovations ayant introduit des ruptures à la fois technologiques, commerciales et organisationnelles majeures et dont la diffusion a été la plus large (souvent en « grappes » ou par « vagues ») qui ont initié les phases de croissance et de développement économique et social les plus marquantes. C'est dans ce cadre que sont généralement replacées les deux révolutions industrielles séculaires : celle de la machine à vapeur, de la métallurgie et du textile, puis des chemins de fer et de l'acier (de la fin du xviiie siècle aux années 1880) ; ensuite, celle de l'électricité, de la chimie, de l'automobile, de la production en grandes séries et des biens de consommation de masse (de la fin du xixe siècle aux années 1960-1970). On s'accorde aujourd'hui pour parler d'une troisième révolution industrielle, désignant ainsi les développements scientifiques et technologiques majeurs depuis le début des années 1970, en particulier de l'informatique, de la microélectronique et des sciences de la vie. D'autres innovations technologiques, mais aussi organisationnelles (organisation en réseau des entreprises et de leurs relations productives), commerciales (vente et prestations en ligne, production sur mesure) et de services (télécommunications mobiles, programmes de télévision par satellite, etc.) accompagnent ou amplifient ces développements.
Cependant, la portée de l'innovation diffère sensiblement d'un pays à l'autre en raison de spécificités nationales importantes. Celles-ci concernent à la fois l'importance et la qualité des infrastructures de la connaissance (système éducatif, importance des universités et des organisations de recherche, etc.) et la permissivité institutionnelle caractérisant chaque pays ou région (culture entrepreneuriale, attitude de la société face à l'innovation, réglementations sur la propriété intellectuelle et la création d'entreprise, politiques industrielles et technologiques).
Ces différences se traduisent par des écarts de croissance et de compétitivité durables entre pays. Ainsi, le retard technologique et le différentiel de croissance de l'Europe (et en partie du Japon) par rapport aux États-Unis depuis le milieu des années 1990 peuvent être expliqués, au moins en partie, par des rigidités institutionnelles et surtout par le manque de volontarisme des politiques publiques en matière d'enseignement supérieur et de soutien à la recherche et à l'innovation comparativement à ce qui se passe outre-Atlantique.
Plus généralement, ainsi que l'ont montré les théories de la croissance endogène, les investissements dans la R&D, l'éducation et la formation (à la base du développement du capital humain), de même que la disponibilité d'infrastructures collectives de qualité (en matière de transport, de santé, etc.) constituent des déterminants essentiels du rythme de croissance et de la compétitivité économiques aussi bien des nations industrialisées que des pays en développement.
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Écrit par
- Abdelillah HAMDOUCH : professeur des Universités, directeur adjoint du département Aménagement de l'École polytechnique de l'université de Tours
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