Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

INNOVATION

Innovation, mondialisation et compétitivité

Si l'innovation a des fondements micro-économiques essentiels, on s'accorde également pour reconnaître le rôle crucial du contexte macroéconomique, spatial et institutionnel dans lequel s’inscrivent les différents systèmes (nationaux et régionaux) d'innovation à l’échelle internationale. Dans un contexte de compétition mondiale aiguisée, ces différences se traduisent par des écarts de croissance et de compétitivité relativement durables entre pays (ou régions), et par des capacités différenciées des territoires en termes d’adaptation et de « résilience ».

Systèmes d'innovation et compétitivité technologique

De nombreux travaux ont établi de manière très convaincante l'importance des spécificités nationales et régionales dans l'explication des performances technologiques des systèmes d’innovation Ces spécificités concernent tout d'abord l'importance et la qualité des infrastructures de la connaissance : système éducatif général, importance des universités et des organisations de recherche, poids respectifs des grandes firmes et des jeunes entreprises en matière de R&D, etc. Elles portent ensuite sur la permissivité institutionnelle caractérisant chaque pays ou région : culture entrepreneuriale, attitude de la société face à l'innovation, réglementations sur la propriété intellectuelle et la création d'entreprise, etc. Enfin, des différences significatives apparaissent au niveau des politiques publiques (nationales et régionales) en faveur du développement industriel et de l'innovation, notamment aux plans du financement, de l'impulsion et de la coordination de programmes de recherche inscrits dans la durée.

À la fin du xixe siècle, l'économiste britannique Alfred Marshall avait expliqué la supériorité technologique naissante des États-Unis et de l'Allemagne sur l'Angleterre (notamment dans la chimie et la mécanique) par la qualité de leur système éducatif, leur goût pour la découverte et l'innovation, et par des réglementations industrielles et des impulsions publiques plus appropriées.

Ces intuitions ont été largement confirmées par des travaux historiques comparatifs portant sur le xxe siècle, puis au tournant du xxie siècle. Il montrent comment le leadership technologique américain à l'heure actuelle s'est construit grâce au rôle décisif des organismes fédéraux pour la science et la technologie depuis les années 1930, à l'importance des programmes de défense nationale, à la place centrale des grands centres universitaires, à une « culture entrepreneuriale » dynamique et à des mécanismes (publics et privés) de financement de l'innovation particulièrement favorables. De même, le succès de l'industrie nipponne dans de nombreux secteurs depuis les années 1950 peut-il être expliqué conjointement par les performances du système éducatif et de recherche japonais et par le rôle crucial de l’État en matière de financement et de coordination de l'effort d'innovation. Le même chemin a été emprunté à partir des années 1960-1970 par la Corée du Sud, Singapour, Taïwan et d’autres « dragons » asiatiques, et, plus encore, par la Chine depuis les années 1980.

Innovation, croissance et développement

Le retard accumulé par l'Europe (à l’exception des pays d’Europe du Nord) par rapport aux États-Unis et à la plupart des grands pays asiatiques dans les technologies à l'origine d'une partie significative de la croissance économique depuis le milieu des années 1990 peut être expliqué, au moins en partie, par des rigidités institutionnelles et surtout par le manque de volontarisme des politiques publiques en matière d'enseignement supérieur et de soutien à la recherche et à l'innovation. Ainsi, en pourcentage du P.I.B. en 2010, l'effort total (public[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur adjoint du département Aménagement de l'École polytechnique de l'université de Tours

Classification

Média

John Kenneth Galbraith - crédits : Bachrach/ Getty Images

John Kenneth Galbraith

Autres références

  • INNOVATION, notion d'

    • Écrit par
    • 1 537 mots

    Si l'innovation renvoie intuitivement à l'idée de nouveauté, de changement et de progrès, elle constitue, du point de vue de la théorie économique, un phénomène spécifique, multiforme et complexe. Un phénomène spécifique, tout d'abord, car on ne peut parler d'innovation que si le changement est...

  • AGHION PHILIPPE (1956- )

    • Écrit par
    • 1 173 mots
    • 1 média
    ...d’économie à l’université Harvard. À cette époque, ses travaux engagés une décennie plus tôt avec l’économiste canadien Peter Howitt sur l’importance de l’innovation dans la croissance économique sont particulièrement remarqués. Dépassant les théories traditionnelles, qui relient la création de richesse...
  • AUTOFINANCEMENT

    • Écrit par
    • 5 258 mots
    ...flux financiers interentreprises sont devenus très importants ; une grande part des titres émis par les sociétés sont souscrits par d'autres sociétés. Beaucoup d'innovations (exploitation de nouveaux procédés, fabrications de nouveaux produits ou créations de nouveaux services) sont rendues possibles...
  • AUTRICHIENNE ÉCOLE, économie

    • Écrit par
    • 1 608 mots
    .... Partant d'une situation économique stationnaire, il fait l'hypothèse que quelques entrepreneurs introduisent, au sein du circuit économique, de nouveaux produits, de nouvelles technologies, de nouvelles manières d'organiser la production, de nouveaux marchés ou de nouvelles matières premières...
  • BREVET D'INVENTION

    • Écrit par , et
    • 10 780 mots
    ...technique et donc, postule-t-on, le progrès de la société. Il y a quelque chose de faustien dans le brevet. Le droit des brevets moderne est un droit de l'innovation et, comme l'innovation coûte cher, il est aussi, dans le même temps, un droit de l'investissement. C'est sous ce double...
  • Afficher les 27 références