INONDATIONS
Les inondations liées aux cyclones
Une zone de dépression atmosphérique, comme une forte tempête ou un cyclone, a pour effet d'élever le niveau de la mer. Ainsi, un cyclone peut faire monter le niveau de la mer de 8 ou 9 mètres. Cet effet peut être catastrophique, lorsque ces dépressions, poussées de plus par des vents violents, arrivent sur les côtes d'un pays plat. Or certaines régions du globe sont si basses, quand elles ne sont pas situées au-dessous du niveau de la mer, qu'il faut peu de choses pour que les eaux les submergent. Les Pays-Bas et le Bangladesh en sont deux exemples.
Un tiers de la surface des Pays-Bas se situe sous le niveau de la mer à marée haute. À l'arrière de digues, grâce au pompage de l'eau des marais à l'aide des moulins à vent dès le xiie siècle, puis de la machine à vapeur au xixe, des milliers d'hectares de terres ont été gagnés. Mais plusieurs fois, la mer a repris possession des lieux et les risques d'inondation restent omniprésents. Une nuit de novembre 1282, une tempête fit déferler la mer au-dessus de la grande digue pour recouvrir tout le centre des Pays-Bas et noyer environ 20 000 personnes sous 2 mètres d'eau. Fin janvier 1953, les grandes marées d'équinoxe conjuguées à de forts vents de tempête sur la côte eurent raison des digues ; 16 000 hectares et plus de 100 villes furent inondés. Environ 1 860 personnes et un demi-million de têtes de bétail furent noyées. À présent, un important ensemble de barrages régule les arrivées d'eau du delta du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut pour prévenir d'autres inondations. Néanmoins, le risque est de plus en plus réel avec une augmentation de la fréquence des tempêtes en mer du Nord et les autres conséquences du réchauffement climatique. À tel point qu'il fut décidé, en 2007, de rendre à la mer le polder d'Overdiepsche (550 ha), situé entre le canal de la Meuse et le fleuve. Rendu habitable et cultivable dans les années 1970 par la création de deux digues de protection, ce polder va redevenir inondable grâce à l'abaissement de la digue située le long du canal, ce qui permettra d'éviter de graves inondations en amont.
Le Bangladesh est au ras de l'eau. Aux inondations provoquées par les fleuves s'ajoutent celles qu'engendrent les cyclones. Apportant du golfe du Bengale des pluies diluviennes, les cyclones peuvent aussi, par le souffle de leurs vents violents, dévaster le pays et provoquer d'importants raz de marée. Ainsi, en novembre 1970, poussé par la marée montante et des vents soufflant à 250 km/h, un gigantesque mur d'eau s'abattit sur le pays (appelé alors Pakistan oriental) emportant tout sur son passage. Selon les estimations, de 300 000 à 1 million de Bengalis périrent. Le cyclone d'octobre 1737 a probablement fait autant de victimes que celui de 1970 et celui de fin avril 1991 a tué plus de 140 000 personnes. Avec une fréquence de 1,5 cyclone par an, l'histoire se répète dans cette région et les composantes cyclone, inondation, épidémie sont à chaque fois étroitement associées comme en novembre 2007 où le cyclone Sidr, la pire tempête depuis 1991, a provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes et nécessité l'évacuation de 3 millions d'autres. Comme en Chine, les limons apportés par les fleuves assurent la fertilité des terres agricoles, et dès qu'une nouvelle île naît du delta, après une inondation, des gens s'y installent en attendant d'être « balayés » par un prochain cataclysme. Par ailleurs, les produits de la pêche apportent 80 p. 100 des protéines consommées par les Bengalis. Aussi tous les projets de protection contre les inondations (endiguement des fleuves ou ouvrages côtiers) doivent-ils éviter de perturber le système écologique générateur de ressources pour ce pays déjà si pauvre. Plusieurs centaines de millions de dollars ont été débloqués par le Bangladesh et[...]
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
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