INSECTIVORES
Le terme insectivore désigne aussi bien un animal dont le régime alimentaire est à dominante d'insectes et d'invertébrés, qu'un ordre de mammifères qui aujourd'hui n'a plus aucune signification du point de vue de la classification. En fait, l'adaptation à l'insectivorie conduit à un ensemble de caractères anatomiques convergents qu'on a longtemps pris pour des rapports de parenté. Pour la clarté de ce texte, « insectivore » (sans majuscule) désignera le régime alimentaire et « Insectivores » (avec une majuscule) l'ancien ordre de la classification. Un autre point doit être aussi préalablement explicité : la denture primitive des mammifères placentaires présente des molaires à trois pointes (cuspides) plus ou moins aiguës disposées en triangle, alors que chez les types modernes, les molaires sont plus complexes, avec des pointes et des crêtes d'émail supplémentaires. De ce point de vue, la molaire petite et étroite d'une taupe dorée est d'un incroyable conservatisme, ne présentant guère plus que les trois cuspides primitives, alors que la molaire d'une musaraigne présente une surface triturante complexe et proportionnellement beaucoup plus grande.
L'ancien ordre des Insectivores, tel qu'il avait été défini, notamment par Henri Heim de Balsac et François Bourlière en 1955, comprenait les taupes dorées africaines (mammifères adaptés à la vie souterraine, non apparentés aux vraies taupes, ayant une denture très primitive, une thermorégulation imparfaite, et pas de cæcum), les tenrécoïdes afromalgaches (insectivores de Madagascar, tenrecs et microgales, et potamogales africains, tous ces animaux présentant les mêmes caractéristiques que le groupe précédent), les rats-à-trompe africains, ou macroscélides (mammifères omnivores de type sauteur, à gros cerveau de type visuel, à denture évoluée, homéothermes capables d'hibernation-estivation, avec un cæcum), les solénodontes américains (gros insectivores antillais venimeux à denture primitive, thermorégulation imparfaite et pas de cæcum), les Insectivores « modernes » ( taupes, musaraignes et hérissons, de types adaptatifs variés, homéothermes mais certains capables d'hibernation, à dents évoluées, à gros cerveau de type olfactif, et dépourvus de cæcum), et enfin les toupayes asiatiques (mammifères arboricoles insectivores-frugivores ressemblant à des écureuils, à gros cerveau de type visuel, à denture évoluée, homéothermes, pourvus d'un cæcum). Cette simple énumération montre que l'ordre des Insectivores était un vrai « fourre-tout » zoologique où l'on trouvait des fossiles vivants (tenrecs, solénodontes) aussi bien que des mammifères parfaitement modernes et en pleine expansion évolutive (musaraignes), ou encore des mammifères parfaitement modernes et énigmatiques (rats-à-trompe).
Les toupayes ont été les premiers animaux à être détachés de cet ordre, pour des raisons anatomiques, afin de constituer à eux seuls l'ordre des Scandentia, dont les affinités avec les Primates sont apparues de plus en plus évidentes. La phylogénétique a confirmé ensuite la proximité de ces deux ordres. Les Scandentia, les Primates et les Dermoptères (galéopithèques) forment aujourd'hui un clade (ensemble phylétique naturel, dont tous les membres descendent d'un même ancêtre), peut-être un superordre, celui des Archontes, dont l'ancêtre commun a dû exister vers — 90 millions d'années (Ma).
Les rats-à-trompe, bien mal nommés car ils n'ont rien à voir avec les rongeurs, furent ensuite retirés des Insectivores, également pour des raisons anatomiques, et érigés eux aussi en un ordre à part, celui des Macroscélides. La phylogénétique vient de montrer que s'ils n'ont effectivement rien à voir avec les hérissons ou les toupayes, ils sont en revanche proches[...]
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Écrit par
- Michel TRANIER : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, ancien directeur des collections
Classification
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