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INSTALLATION, art

L'installation est un art à l'identité trouble, qui se nourrit de tous les autres médiums, de la vidéo à la sculpture, du son à la lumière, et plus rarement de la peinture. Entre genre et médium, elle offre principalement un domaine d'extension de prédilection à la sculpture, à travers des ensembles mis en scène, des situations créées de toutes pièces par les artistes. L'une des difficultés à cerner ce médium est l'hétérogénéité des concepts auxquels il se confronte. Car l'installation n'est pas liée à un mouvement artistique particulier : on la retrouve régulièrement, avec deux points culminants dans les années 1980 et 1990, mise à l'honneur par certains groupes artistiques enclins à travailler des développements formels et conceptuels inédits.

Une mise en situation du spectateur et du lieu

Tous les auteurs s'accordent à situer la naissance de l'installation dans les années 1960, entre pop et minimal art. Elle est alors une œuvre d'hybridation des recherches artistiques de la décennie, dans le dessein d'offrir au spectateur une expérience de l'art différente. Les critiques de l'époque n'opèrent pas vraiment de distinction entre les termes « installation » et « environnement », alors employés d'égale façon pour déterminer ces œuvres-espaces où tous les sens du visiteur sont hissés au rang de la vue. Élément sine qua non, le spectateur est porté au centre de l'attention. L'individu et son corps deviennent ainsi objets d'observation et d'expérimentation, le spectateur éprouvant fortement sa place et son activité de visite au sein de parcours qui s'emploient à combattre le point de vue omniscient qui caractérise l'art classique. Tous les sens peuvent alors être sollicités (même si le goût et l'odorat restent encore largement en retrait), concourant ainsi à démultiplier les possibilités d'interprétation du sujet spectateur.

Si l'installation émerge dans les années 1960, principalement aux États-Unis, portée par des artistes qui cherchent à abattre les frontières et les hiérarchies entre les médiums et les genres artistiques, et qui, dans un élan plus global, tendent à rapprocher art et vie, elle constitue aussi un moyen de résistance au marché. Au cours d'une décennie où l'art devient une marchandise, selon la logique « pop » d'Andy Warhol, l'art de l'installation ne peut devenir un produit. Difficiles à acheter, ces œuvres sont de surcroît souvent élaborées in situ, et spécialement adaptées à la taille et aux conditions du lieu d'exposition. Il faut alors reconstruire à l'identique l'ensemble dans une pièce ou l'adapter en accord avec l'artiste dans un intérieur. Mais le marché a réagi promptement et s'est employé à normaliser les transactions, poussant les artistes à rédiger des protocoles d'installation, des instructions de montages et d'adaptation. De même, la critique a dû s'adapter à ces œuvres, développant un genre plus narratif et descriptif, préalable à l'analyse, et s'aidant d'une documentation photographique indicative d'une certaine expérience.

La naissance de l'installation, communément admise dans les années 1960, ne doit pas dissimuler pour autant les signes avant-coureurs de l'émergence de cet art spécifique. Il faut pour cela remonter jusqu'aux accrochages artistiques du russe El Lissitzky (1890-1941) à l'occasion de la foire de Berlin, en 1923 (Salle Proun). La modeste salle d'exposition y avait été investie totalement, l'accrochage des œuvres abstraites et géométriques empiétant sur les angles, le contrôle artistique s'appliquant autant aux cimaises qu'au sol et au plafond, afin de créer un espace plus qu'une fenêtre. Par ce glissement, El Lissitzky cherchait[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

Classification

Média

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Yayoi Kusama : «Kusamatrix»

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