- 1. Les stéréotypes comportementaux
- 2. Le mécanisme de déclenchement
- 3. Caractéristiques des déclencheurs
- 4. Rôle du contexte neurosensoriel
- 5. Actes instinctifs et énergie interne
- 6. Les activités vides et le jeu
- 7. Les activités de déplacement
- 8. Le problème de la physiologie de l'instinct
- 9. Ontogenèse des instincts
- 10. Bibliographie
INSTINCT
L' éthologie comparative, qui cherche à retracer, à l'aide de comparaisons interspécifiques, l'évolution des comportements à travers la série zoologique, propose une théorie renouvelée des instincts et définit ces derniers comme des actes propres à l'espèce. Tendant à une explication causale des comportements qui la rapproche de plus en plus des conceptions béhavioristes, elle se différencie toutefois de celles-ci par son insistance sur les phénomènes concrets du comportement, par une conception hiérarchique des actions qui refuse de recourir exclusivement au réflexe conditionné et par ses enseignements au sujet de la phylogénie des conduites spécifiques. Mis à part l'étude des phénomènes d'imprégnation (ou d'empreinte), l'éthologie, fondée par l'Autrichien K. Lorenz et le Hollandais N. Tinbergen, n'a guère manifesté, à l'origine, d'intérêt pour les phénomènes d'apprentissage. Actuellement, elle se tourne de plus en plus vers ce domaine fort exploré par les béhavioristes (B. F. Skinner et son école) ainsi que vers les modèles cybernétiques. Elle a également mis à profit, sur une plus large échelle, les méthodes quantitatives de la psychologie expérimentale.
L'éthologie comparative n'est pas issue du laboratoire, mais procède d'observations qui, pour la plupart, se sont déroulées dans la nature et n'ont jamais, pour cette raison, donné la prééminence à la technique et à la méthodologie. On lui a souvent reproché précisément cette négligence en matière d'expérimentation et son mépris pour les élaborations statistiques. Bien qu'une telle critique ait eu quelque légitimité à l'époque héroïque, encore fort récente, de l'éthologie, elle n'envisageait qu'un aspect très secondaire de la question, car l'étude des faits naturels du comportement importe davantage que la mise en œuvre de tout un arsenal de procédés techniques, étrangers par eux-mêmes à la vie concrète des espèces. Les débuts de l'éthologie coïncidèrent donc avec une réhabilitation du comportement des animaux comme objet d'étude psychologique, puisque, pour les physiologistes et les psychologues marqués par des disputes entre mécanistes et vitalistes, les animaux importaient beaucoup moins que les méthodes grâce auxquelles on pouvait observer leurs réactions.
C'est pourquoi, lorsque dans son ouvrage publié en 1951 sous le titre The Study of Instinct (L'Étude de l'instinct, Paris, 1953), Tinbergen déclarait de manière apparemment banale que l'éthologie était l'étude objective du comportement, il proclamait en réalité une sorte de manifeste de l'éthologie nouvelle.
« Les psychologues, remarque Tinbergen, ont toujours mis l'accent sur la spontanéité du comportement. Beaucoup parmi eux étaient nettement supérieurs aux réflexologistes en ce qui concerne la connaissance générale du comportement animal. Malheureusement, toutefois, nombre d'entre eux éprouvaient une certaine répugnance pour l'étude objective : ... on admettait que, du moment qu'un certain type de comportement était spontané (c'est-à-dire indépendant d'une excitation extérieure), il était futile de l'étudier avec des méthodes physiologiques. » L'observation des comportements spontanés allait au contraire révéler l'existence de caractères constants reliant étroitement éthologie et taxinomie.
Les stéréotypes comportementaux
Réaumur et les grands naturalistes du xviiie siècle ont jeté les bases de l'observation des animaux, et particulièrement des insectes. L'éthologie contemporaine diffère essentiellement de leurs travaux par l'élaboration d'une hypothèse fondamentale concernant les actes instinctifs.
En 1898, Charles Otis Whitman remarqua que les pigeons[...]
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Écrit par
- Georges THINÈS : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris
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