- 1. Les stéréotypes comportementaux
- 2. Le mécanisme de déclenchement
- 3. Caractéristiques des déclencheurs
- 4. Rôle du contexte neurosensoriel
- 5. Actes instinctifs et énergie interne
- 6. Les activités vides et le jeu
- 7. Les activités de déplacement
- 8. Le problème de la physiologie de l'instinct
- 9. Ontogenèse des instincts
- 10. Bibliographie
INSTINCT
Ontogenèse des instincts
L'insistance des éthologues sur le caractère inné des manifestations du comportement et des mécanismes hypothétiques qui les sous-tendent a contribué à accréditer l'idée que les études actuelles sur l'instinct négligeaient largement les phénomènes de l'ontogenèse comportementale et la question de l' apprentissage.
L'apprentissage
Tous ceux qui, depuis Fabre, observèrent minutieusement les conduites instinctives ont reconnu leur caractère stéréotypé et été frappés par la faible incidence de l'expérience antérieure sur l'exécution des actes propres à une espèce animale particulière. Si l'on peut affirmer que les reproches adressés à l'éthologie à propos de l'apprentissage tiennent à des querelles d'écoles, c'est parce que la stéréotypie des actes n'impose, par elle-même, aucune interprétation exclusive. Les travaux de Kuo (1932) sur le développement de la réaction de picorement chez les poussins ont clairement montré qu'un acte, manifesté sous une forme efficace dès la naissance, s'élabore en fait au cours de processus préparatoires prolongés qui peuvent être interprétés comme des acquisitions progressives. En outre, le concept de stéréotypie a été utilisé, dans des proportions comparables, tant par les tenants d'un finalisme fixiste que par les réflexologistes les plus extrêmes, les premiers y trouvant la preuve de l'existence de structures innées, les autres en tirant argument en faveur d'un automatisme fondamental des conduites.
Le problème réside essentiellement dans l'opposition qu'ont suscitée les vues de l'éthologie dans les milieux de tendance béhavioriste. L'affirmation, souvent abrupte, du caractère inné des conduites par des zoologistes familiarisés avec tous les détails de la vie des espèces qu'ils observaient, ne pouvait rencontrer un accueil favorable chez les psychologues férus de techniques de laboratoire, peu informés de la vie naturelle des animaux et convaincus que les comportements ne pouvaient être étudiés sérieusement que dans des labyrinthes ou des appareils à discrimination.
Il serait injuste, toutefois, de dénier aux chercheurs actuels qui se penchent sur les problèmes de l'activité instinctive tout intérêt pour les problèmes de l'apprentissage. On doit plutôt supposer que l'approche des comportements, telle qu'ils la pratiquent, les confronte moins souvent avec des phénomènes d'acquisition qu'avec des phénomènes d'exécution spécifique. D'ailleurs, une étude comme celle de Eibl-Eibesfeldt (1956) sur la technique de mise à mort de la proie chez le putois, par exemple, est essentiellement axée sur les relations entre l'inné et l'acquis ; il en va de même de l'étude de Smith (1964) sur le développement de l'attachement entre la brebis et l'agneau, et de bien d'autres encore.
L'empreinte
En revanche, si l'éthologie ne s'est guère intéressée jusqu'à présent à l'apprentissage associatif, tel qu'il a été classiquement décrit par les connexionnistes, elle a contribué à mettre en évidence une forme nouvelle d'apprentissage, l'« imprégnation » (all. Prägung, angl. imprinting), laquelle semble étroitement liée au développement même des instincts. En 1910, Heinroth avait constaté que de jeunes oies cendrées adoptaient comme « parent » le premier objet mouvant de grandes dimensions qu'elles voyaient après leur naissance. L'« objet-parent » n'est donc pas nécessairement, dans ce cas, un individu de la même espèce, ainsi que Heinroth et Lorenz en ont maintes fois fourni la preuve : les jeunes oiseaux peuvent, en effet, s'attacher ainsi à un individu humain et le traiter comme un membre de leur propre espèce. Ultérieurement, l'individu auquel les jeunes auront[...]
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Écrit par
- Georges THINÈS : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris
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