INSTITUT DE FRANCE
Fonctionnement et fonctions
L'Institut de France est installé quai de Conti, à Paris, dans l'ancien Collège Mazarin – construit entre 1662 et 1688 par Louis le Vau et son élève François d'Orbay –, où il siège depuis 1805 et dont la Coupole est un haut lieu symbolique de la vie intellectuelle. Il est régi par une sociabilité complexe, avec ses symboles (Minerve, déesse des Arts et des Sciences, par exemple), et les rites subtils et complexes des candidatures, des visites, des élections, qui nourrit toute une littérature sur les éconduits. La « fièvre verte » saisit les candidats les plus improbables et, à elle seule, contribue à une visibilité publique, voire polémique, constante. L'habit « vert », le bicorne et l'épée constituent eux aussi des éléments d'unité entre tous les membres de l'Institut. De même, la séance solennelle annuelle des Académies sous la Coupole confirme la réunion des cinq compagnies, le mardi le plus proche du 25 octobre, pour commémorer la fondation de l'Institut : les délégués de chacune des cinq académies y interviennent sur un thème commun.
Les structures de l'Institut de France reflètent la fédération des Académies. Il est en même temps un organe administratif et un organe d'exécution des fondations dont la gestion lui a été confiée. Georges Duhamel comparait la situation de l'Académie à celle d'un père de famille qui aurait cinq filles et qui gérerait leur patrimoine tout en assumant les dépenses inhérentes à la vie en commun et celles qu'entraîne la gestion du patrimoine particulier de chacune des filles. C'est un membre de chacune des Académies qui préside à tour de rôle et pour un an l'Institut (son bureau et son Assemblée générale). La Commission administrative centrale est l'instance de décision fondamentale ; le chancelier (fonction créée en 1952), élu par elle pour trois ans, étant l'artisan principal de la gestion de l'Institut. Les structures hiérarchiques de l'Institut en font un organisme original. La collégialité des cinq Académies a produit un système en sablier, avec au sommet un président, le bureau de l'Institut, la Commission, le chancelier, au centre les responsables des services administratifs et financiers, à la base, les personnels et les fondations.
Depuis la fin du xixe siècle, la définition juridique de l'Institut a été l'objet d'innombrables consultations et débats. Ce qui ressort de l'ensemble de ces avis, c'est le caractère particulier de l'Institut, souvent qualifié de « sui generis » – à défaut de mieux –, établissement public quant à ses buts, organisme privé quant à son patrimoine. De fait, l'Institut a toujours cherché à maintenir son autonomie de gestion, même s'il a été soumis à des contraintes extérieures fortes (comme l'obligation de placer, jusqu'à une période récente, les donations mobilières en fonds d'État, avec pour conséquence l'effondrement d'une partie de son patrimoine à la suite de la Première Guerre mondiale). La révision du statut de l'Institut est évoquée depuis l'adoption de ses Règlements sur l'administration de 1954 – sans avoir jusqu'à présent abouti – aussi bien à l'Institut que de la part de ceux qui souhaiteraient voir l'institution se couler dans un moule administratif commun.
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Écrit par
- Antoine MARÈS : directeur du Centre français de recherche en sciences sociales, Prague
Classification
Médias
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