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INSTITUT DE FRANCE

L'Institut dans la société française contemporaine

Si le rôle historique de l'Institut de France – et de ses Académies – comme créateur et diffuseur du savoir est incontestable, si les aspirations qu'il suscite légitiment en partie son existence, si certaines de ses composantes demeurent très présentes sur la scène intellectuelle et publique, l'adaptation au monde contemporain le place devant des défis redoutables.

L'Institut est confronté à la fois à des questions internes et à une redéfinition de ses rapports avec l'extérieur. Est-il adapté au monde actuel ? Comment concilier tradition et modernité ? Comment résister à la tentation de se constituer en club méritocratique fermé sur lui-même ? L'Académie des sciences, par exemple, a créé des structures qui lui ont permis d'élargir son activité tout en mettant en place une politique de rajeunissement de ses membres. Toutes les Académies ont procédé au cours des dernières décennies à des aménagements internes plus ou moins importants, soit pour s'adapter aux contraintes externes (par exemple, la multiplication des disciplines), soit pour être plus efficaces dans leurs travaux.

La vocation pluridisciplinaire initiale de l'Institut impliquerait aussi que soient dépassées les spécificités de chacune de ses composantes : si la participation de certains membres à plusieurs académies permet d'établir des passerelles entre elles, les initiatives communes restent peu nombreuses, malgré les potentialités existantes. L'hétérogénéité des préoccupations – chaque Académie a son rythme propre et ses objectifs particuliers – est un frein à des activités collectives.

Dans une ère nouvelle de communication, le « mystère » académique est-il encore un atout ? Les dernières décennies ont été précisément marquées par la volonté de l'Institut comme des Académies de s'ouvrir sur le monde et de communiquer. Par ailleurs, si l'Institut continue de jouer le rôle de conseil des pouvoirs publics (sur les enseignements scientifiques, les questions d'éthique, la réforme de la langue française...), cette activité demeure plus épisodique qu'elle ne l'était jusqu'à la seconde moitié du xixe siècle.

En revanche, l'Institut remplit avec succès le rôle de gestionnaire de ses fondations mobilières et de son riche – et coûteux – patrimoine (depuis le château de Chantilly jusqu'à la villa de Kérylos, en passant par le musée Jacquemart-André, le domaine de Chaalis, le château de Langeais, la fondation Dosne-Thiers, le domaine de Kerazan...). Bénéficiaire du mécénat depuis la fin du xixe siècle, l'Institut est devenu lui-même un important mécène : il distribue des centaines de prix tout en mettant en valeur ses domaines (châteaux, musées). Autant que les pouvoirs publics, c'est finalement l'Institut de France qui décidera de son avenir : ou il restera une institution symbolique prestigieuse, acmé du cursus honorumintellectuel et public, ou il poursuivra ses efforts en vue de prendre une part plus active à la société, comme il tente de le faire depuis quelques années avec des atouts incontestables, pour conserver et accroître sa légitimité.

— Antoine MARÈS

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Écrit par

  • : directeur du Centre français de recherche en sciences sociales, Prague

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Médias

<it>Triple Portrait de Richelieu</it>, P. de Champaigne - crédits : National Gallery, London, UK/ Bridgeman Images

Triple Portrait de Richelieu, P. de Champaigne

Tombeau de Mazarin, A. Coysevox - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Tombeau de Mazarin, A. Coysevox

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