INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART (INHA)
Créé en 2001, l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), situé à Paris, a pour vocation de fédérer et de promouvoir la recherche en histoire de l’art et du patrimoine, en s’appuyant sur des ressources documentaires et patrimoniales réunies au sein d’une bibliothèque. Sa création est le fruit de trente ans de réflexions et de projets.
Définir un projet
Le besoin d’un institut consacré à l’histoire de l’art, discipline encore jeune en France – la première chaire universitaire d’histoire de l’art n’y fut créée qu’en 1899 – se fait jour au début des années 1970. C’est à partir du constat que, au contraire des autres grandes nations, la France est dépourvue d’un tel équipement, que l’historien de l’art Jacques Thuillier en préconise la création dans une note confidentielle de juin 1973 au président de la République Georges Pompidou. Il s’agirait de créer un « Institut de recherche » en histoire de l’art, associé à une photothèque et à une bibliothèque constituée par la fusion de la bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux-arts et de la bibliothèque d’Art et d’Archéologie (BAA), créée par le mécène Jacques Doucet au début du xxe siècle et léguée par celui-ci à l’université de Paris en 1917. La mort de Georges Pompidou, quelques mois plus tard, empêche que ces préconisations connaissent un développement, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand.
En 1983, l’historien de l’art André Chastel, collègue de Thuillier au Collège de France, est chargé d’un rapport sur la « création d’un Institut national d’histoire de l’art » – où seraient réunis bibliothèques, documents, archives – en mesure d’accueillir les chercheurs et les étudiants, de développer la discipline et d’en diffuser les résultats, en France comme à l’étranger. Il en voit la nécessité dans « un regain d’intérêt vers l’art et son histoire » et dans une perspective principalement nationale, celle où un lieu « de rencontre et de liaisons » – une « maison » – viendrait pallier « la négligence de domaines entiers de l’art français ». Chastel fixe l’aboutissement de ce projet à 1989 et une association intitulée « Institut national d’histoire de l’art » voit effectivement le jour en 1986, sous la présidence de l’historien de l’art Antoine Schnapper. Se heurtant à de fortes résistances administratives, l’association est dissoute en 1990, avant que, l’année suivante, la décision de transférer les collections des imprimés de la Bibliothèque nationale sur le nouveau site Tolbiac fasse ressurgir l’idée d’un « grand centre d’histoire de l’art » qui s’installerait dans les locaux ainsi libérés, au côté d’une « bibliothèque nationale des arts », prévue par un rapport du conservateur des bibliothèques Michel Melot.
Jack Lang et Lionel Jospin, respectivement ministres de la Culture et de l’Éducation nationale, confient alors au linguiste et historien de l’art Pierre Encrevé, assisté d’Emmanuel Hoog, la rédaction d’un nouveau rapport sur la création d’un « Institut international d’histoire des arts ». Si les lacunes spécifiquement françaises y sont encore soulignées – et pour la première fois celle de la séparation structurelle entre le corps des conservateurs de musées et celui des enseignants universitaires –, le nom du projet signale un changement de perspective : il ne s’agit plus de défendre seulement l’histoire de l’art français mais l’histoire de tous les arts, quels qu’en soient les sujets (y compris donc l’histoire du spectacle vivant, de la musique et du cinéma) et les aires culturelles de production. Un nouveau rapport sur la création d’une « Bibliothèque nationale des arts » est parallèlement confié à l’économiste de la culture Françoise Benhamou, qui préconise le rassemblement sur le même site (Richelieu)[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Éric de CHASSEY : professeur d'histoire de l'art, École normale supérieure de Lyon, directeur de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
Classification
Média
Autres références
-
CHASTEL ANDRÉ (1912-1990)
- Écrit par Jean GUILLAUME
- 1 361 mots
...situation de l'histoire de l'art en France remis au Premier ministre en 1983 (publié en 1984 par la Revue de l'art, no 63) et qui a abouti en 2001 à lacréation de l'Institut national d'histoire de l'art (I.N.H.A.), un centre d'étude capable de répondre efficacement aux besoins des chercheurs.