Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

INSTITUT PASTEUR

Les « instituts Pasteur » : annexes, filiales et homonymes

Sur le plan légal, seul l'Institut Pasteur situé à Paris a le droit de porter ce nom sans qualification supplémentaire. Les autres « instituts Pasteur » sont qualifiés par leur lieu d'implantation (instituts Pasteur de Dakar, de Nha-Trang, etc.) ou leur qualité (annexe de l'Institut Pasteur à Marnes). Ces instituts se répartissent en plusieurs catégories qui n'ont pas nécessairement tous un lien avec Paris.

De nombreux instituts Pasteur ou encore « instituts de sérothérapie » ont été créés après 1886 dans le monde entier pour assurer la vaccination antirabique selon la méthode Pasteur. Peu subsistent de nos jours. D'autres instituts Pasteur ont été créés dans la même période, qui possèdent un lien administratif formel avec Paris, mais dont la direction est ou était responsable surtout devant les collectivités locales : c'est le cas de l'institut Pasteur de Lille, et autrefois de celui de Lyon.

Il existe enfin une famille d'instituts Pasteur qui ont été créés dans la France d'outre-mer, parfois très tôt comme celui de Saigon, fondé par Calmette en 1891. Ils remplissaient une fonction de santé publique locale, de fabrication et de distribution de vaccins et sérums, et pratiquaient une recherche souvent active dans le domaine des maladies tropicales (paludisme à Alger, peste à Tananarive, leishmaniose à Tunis, fièvre jaune à Dakar, maladie du sommeil à Brazzaville, vaccins antivenimeux à Phnomh-Penh, etc.). Avant l'indépendance des États où ils sont implantés, ou avant la transformation du statut du territoire, ces instituts dépendaient de l'Institut de Paris pour les nominations et une partie du financement, mais également des ministères de tutelle ou des gouvernorats des territoires concernés. En outre, le personnel d'encadrement était très généralement composé de médecins militaires, issus de Santé navale (école d'application du Pharo).

Le lien historique entre services de santé militaires et Institut Pasteur est un des éléments clés pour comprendre l'influence de celui-ci, en Afrique et Asie du Sud-Est notamment. Ces instituts ont eu une importance essentielle en santé publique et en recherche tant localement que nationalement. Ils sont devenus presque tous instituts nationaux avec l'accession des États à l'indépendance. Les instituts des départements et territoires d'outre-mer sont quant à eux restés sous la tutelle de Paris. L'ensemble, plus un certain nombre de structures qui l'ont rejoint (institut de Saint-Pétersbourg, institut Cantacuzène de Bucarest, institut Oswaldo Cruz de Rio de Janeiro, etc.) ou ont été créées plus récemment (Séoul, Hong Kong, Montevideo, Shanghai), est fédéré en un réseau de coopération dans le domaine de la santé, longtemps appelé réseau international des instituts Pasteur (désormais Pasteur Network) dont le siège est à Paris.

Il faut ajouter à cette liste les annexes de l'Institut Pasteur, en France, dont la plus connue, fermée en 1980, est l'annexe de Marnes-la-Coquette, lieu même de la mort de Pasteur. Cette ancienne propriété de Napoléon III, partie du domaine de Saint-Cloud, avait été dévolue à Pasteur pour ses travaux sur la rage. Le domaine n'est réellement actif qu'après 1894, en tant que site de production du sérum antidiphtérique. Il évolue au cours des années suivantes pour devenir le centre de l'activité industrielle de l'Institut Pasteur, ce qui assure à ce dernier, d'une part, des profits importants et, d'autre part, conforte sa renommée en matière de santé publique. Frappé par le développement de l'antibiothérapie mais aussi par la concurrence de sites industriels plus puissants, liés à la grande industrie pharmaceutique, le site a cessé toute activité au début des années 1970. [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Médias

Batiment historique de l’Institut Pasteur, vers 1890 - crédits : De Agostini Picture Library/ Age Fotostock

Batiment historique de l’Institut Pasteur, vers 1890

Le laboratoire de Pasteur - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le laboratoire de Pasteur

Autres références

  • BERNARD NOËL (1875-1971)

    • Écrit par
    • 713 mots

    Médecin français. Né à Béziers, Noël Bernard fut élève de l'École de santé navale de Bordeaux, et, dès l'obtention de son diplôme de docteur en médecine (1900), il entre dans les troupes coloniales et part pour le Laos. Il y construit des ambulances, assure la vaccination antivariolique,...

  • BORDET JULES (1870-1961)

    • Écrit par
    • 435 mots

    Les recherches de Bordet sur la destruction des bactéries et des globules rouges dans le sérum sanguin, effectuées à l'Institut Pasteur, à Paris (1894-1901), sont généralement considérées comme constituant les débuts de la sérologie. En 1895, il montra que deux facteurs existant...

  • BOVET DANIEL (1907-1992)

    • Écrit par et
    • 470 mots

    Pharmacologue italien d'origine helvétique. Né en Suisse à Neuchâtel, il étudie à Genève où il devient assistant d'anatomie comparée à l'université de cette ville ; après son doctorat ès sciences en 1929, il entre comme assistant (puis en 1937 comme chef de laboratoire), au laboratoire de chimie...

  • COHEN GEORGES N. (1920-2018)

    • Écrit par
    • 1 450 mots
    • 1 média

    Georges Nissim Cohen, né le 25 mars 1920 à Constantinople (Istanbul auj.), est issu d’une famille juive grecque. Il arrive à Paris avec sa famille dès l’âge d’un an et est naturalisé français en 1930. En 1933, à la suite de la crise économique, ses parents quittent la France pour Athènes où il fréquente...

  • Afficher les 17 références