INSTITUTION DE LA RELIGION CHRÉTIENNE, Jean Calvin Fiche de lecture

Nouvelles mues

Soucieux de remplir au mieux son objectif de vulgarisation d'une solide théologie, Calvin a traduit lui-même en français l'Institution de 1539. Cette nouvelle édition, sortie à Genève en 1541, a été aussitôt condamnée par un édit du Parlement de Paris et portée sur la première liste des livres interdits par la Sorbonne. C'est que l'ouvrage était dangereux : il proposait au grand public, non pas aux seuls lettrés, une lecture cohérente et mobilisatrice du message biblique, un guide de vie nouvelle, un nouveau modèle d'Église, autant qu'un réservoir d'arguments contre la tradition de l'Église romaine. Livre interdit dans le royaume, l'Institution n'a pu y pénétrer et y circuler que clandestinement.

Une deuxième fois, en 1559, Calvin bouleverse le plan de son Institution, laquelle s'est considérablement alourdie de citations et d'arguments en réponse aux objections des adversaires. Les quatre-vingts chapitres de cette édition définitive sont répartis en quatre livres : I. Dieu, II. Jésus Christ, III. Le Saint-Esprit en l'homme, IV. L'Église. Dans ce plan qui rappelle la tradition scolastique (les Sentences de Pierre Lombard), Calvin coule la théologie réformée déployée dans toute son ampleur. Tant l'édition latine de 1559 que sa traduction française de 1560, et toutes les suivantes, comportent plusieurs tables et index : le catéchisme initial s'est transformé en une somme dogmatique, à l'usage des pasteurs (l'Académie de Genève est créée la même année 1559 et, dès cette date, les Églises réformées se structurent en France, en dépit des dangers). Si le rythme des éditions en français de l'Institution se ralentit après la mort de Calvin, il n'en est pas de même de ses éditions en latin et en anglais : les unes attestent l'influence durable de l'œuvre dans les universités réformées en général, les autres son rôle dans l'émergence du puritanisme anglais.