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INSTITUTION

Les ressorts de l'obéissance aux règles institutionnelles

Comment expliquer que les acteurs obéissent à l'ordre institutionnel ? Là encore, trois sortes de réponses sont apportées. Pour les premiers sociologues à s'être posé cette question, les ressorts de l'obéissance sont de nature normative. Talcott Parsons mettait ainsi l'accent sur l'intériorisation, l'engagement et la diffusion des valeurs dans les institutions de sorte que, pour lui, ce serait la peur de la sanction morale qui rendrait les acteurs sensibles aux prescriptions de rôle. Mais il suffit d'observer la vie quotidienne pour savoir que l'absence de sanctions – formelles ou informelles – n'empêche pas la conformation des acteurs aux conduites attendues ; à l'inverse, lorsque des sanctions sont légalement prévues ou socialement possibles, elles n'empêchent pas les pratiques déviantes.

Sur la base de ces constats, les théoriciens du choix rationnel (Douglas North et Oliver Williamson) proposent alors une autre explication, selon laquelle les acteurs se plieraient aux règles institutionnelles lorsqu'ils y trouvent un intérêt ou lorsque le coût qui en résulte est plus faible que les bénéfices qu'ils peuvent en attendre. Mais cette deuxième explication repose sur un postulat très discuté en sciences sociales : elle part du principe, remis en cause par Herbert Simon, que les individus disposent d'une rationalité absolue qui leur permet de calculer à chaque fois le rapport coût/avantage de leurs faits et gestes.

Un troisième cadre d'explication a donc été récemment proposé. Partant du principe que les prescriptions de rôle entrent dans la vie sociale d'abord comme des faits que les acteurs doivent prendre en compte, le « courant » néo-institutionnaliste (James March et Johan Olsen, Paul DiMaggio et Walter Powell) explique ainsi que ce n'est ni par allégeance morale, ni par intérêt mais bien plutôt par le biais des routines et des scénarios qu'elles fournissent que les individus obéiraient aux institutions. Les ressorts de cette obéissance seraient donc ici très largement méconnus des acteurs, en raison de leur nature cognitive et non réflexive.

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Écrit par

  • : docteur en science politique, maître de conférences en science politique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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