VENT INSTRUMENTS À
« Encore que tous les instruments de Musique puissent estre appelez à vent, puis qu'il n'est pas possible de faire des sons sans le mouvement de l'air, qui est une espece de vent, néantmoins l'on a coustume de donner ce nom à ceux que l'on embouche, ou que l'on fait sonner avec des soufflets, afins de les distinguer d'avec ceux qui usent de chordes, ou que l'on bat comme le Tambour » (Marin Mersenne, Harmonie universelle, 1636). Tout le monde reconnaît à l'audition une flûte d'un trombone ; il est moins sûr qu'il en soit de même d'un hautbois et d'un cor anglais. L'écoute permet seule de saisir ce qu'aucune description n'enseignera jamais.
Le dynamisme sonore des instruments à vent – bois et cuivres –, bien plus ample que celui des cordes, est l'une de leurs principales caractéristiques. Partant du pianissimo, avec sourdine, timbre éteint et voilé, ils vont jusqu'à sonner en un fortissimo éclatant. Ce dynamisme que possèdent excellemment les cuivres, mais aussi la clarinette ou le saxophone, leur donne une place intermédiaire entre les cordes et les plus puissantes percussions. Trompettes et timbales s'accompagnent souvent mutuellement pour souligner quelque figure rythmique essentielle ou ponctuer le discours. Les vents se fondent aux archets ou dialoguent avec eux. S'ils concertent en solistes, cuivres et bois peuvent être aussi caressants qu'un violon ; s'ils s'allient en fanfare, leur force est évidente et il est impossible d'échapper à l'entraînement rythmique qu'ils imposent. De nos jours, les instruments à vent, en partie en raison de leur emploi en jazz, en partie en raison des nouveaux modes de jeu et aussi du fait de l'importance accrue du timbre dans les idiomes modernes, connaissent une vogue remarquable.
Le concerto pour instrument à vent apparaît vers la fin du xvie siècle à Venise. L'Italie, que l'on imagine souvent comme le pays des cordes par excellence, est tout autant, sinon plus, celui des vents. Marc Pincherle a rappelé aussi que l'emploi de ces derniers pour leur qualité de timbre caractérise le Bach descriptif. Les premiers concertos français furent écrits pour eux, tant le concerto grosso (Joseph Bodin de Boismortier, Concerto pour cinq flûtes, 1727 ; Concerto à cinq parties – flûte, violon, hautbois, basson et basse –, 1732) que le concerto pour soliste (du même, Concerto pour basson, 1732).
L'homme musicien a imaginé à profusion des formes d'instruments à vent ; la seule énumération en serait fastidieuse et obligatoirement non exhaustive. Nous intéressent ici les quelques instruments que l'Occident a adoptés et perfectionnés avant tout pour son orchestre symphonique. On ne parlera point des anches libres (accordéon, harmonica, harmonium), ni de l'orgue (instrument à vent à clavier, cf. orgue) et peu de la flûte, déjà étudiée.
Origine et description élémentaire
L'iconographie et l'archéologie font remonter la facture des instruments à vent à la préhistoire. Une flûte en os percé de trous fut découverte en Pays basque (Isturitz) et daterait de quelque 20 000 ans avant J.-C. On possède d'autres flûtes paléolithiques (aurignaciennes et magdaléniennes) et néolithiques (Danemark), ainsi que des trompes irlandaises et danoises de l'âge du bronze. Le bassin méditerranéen (Égypte, Mésopotamie, Grèce, Rome) a laissé de très nombreux vestiges d'instruments à vent. Les études organologiques, cependant, n'apparaissent qu'avec Sebastian Virdung, Lodovico Zacconi, Michael Praetorius, Marin Mersenne ou Martin Agricola.
L'invention de l' anche fut une étape majeure de l'histoire de la facture des bois, que la languette soit taillée directement dans la paroi de l'instrument ou indépendante de celui-ci et fixée[...]
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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