INSTRUMENTS DE MUSIQUE Histoire et classification
Évolution des instruments
Il est difficile de définir des constantes qui permettraient d'attribuer à des causes déterminées la naissance de certains types d'entre eux. Car leur origine est multiple et sans doute simultanée sur la surface du globe. La démarche qui consiste à prendre un instrument et à en retrouver les avatars en remontant le cours du temps n'est valable que sur des périodes restreintes, mais ne permet pas de retrouver un « ancêtre ». L'évolution de la clarinette actuelle, par exemple, peut être suivie aisément en remontant jusqu'aux alentours de 1700, où Johann Christoph Denner modifia le chalumeau qu'elle était encore ; lorsque l'on examine les clarinettes qui appartiennent à d'autres cultures, on constate qu'il en existe certains modèles différents, mais l'idée d'antériorité ou d'évolution ne s'envisage pas de cette manière.
L'instrument ne suit pas une évolution linéaire ni chronologique ; à toutes les périodes apparaissent des types qui, ensuite, disparaissent pour réapparaître ailleurs et sous d'autres formes. Certains d'entre eux se trouvent dans des contrées géographiquement et temporellement éloignées les unes des autres. C'est alors qu'il faut essayer de déterminer si un type est né dans des circonstances particulières en plusieurs points du monde à la même époque, ou s'il a été transporté à la faveur de migrations de populations. Certains cas, remontant au xviie siècle, par exemple la harpe d'Amérique latine importée par les Espagnols, sont clairs ; d'autres le sont moins. P. Gold voit dans le hautbois un instrument qui s'est diffusé sur une immense échelle : parti d'Asie du Nord-Est, il aurait gagné l'Asie centrale et l'Afghanistan par suite de mouvements de populations mongoles vers l'ouest ; puis il se serait répandu en Iran et en Asie Mineure et, de là, par les Turcs d'Anatolie, aurait gagné la Macédoine ; les Arabes l'auraient assimilé et communiqué à l'Espagne. Les Espagnols l'auraient emporté au Nouveau Monde, où il est encore joué sous une forme simple par les paysans indiens d'Amérique latine. Mais rien n'interdit de penser que plusieurs civilisations aient pu être attirées par le timbre particulier de l'anche double ou amenées, par des nécessités d'ordre fonctionnel, à la construction d'instruments à la sonorité puissante et éclatante, joués avec des trompettes.
Une fonction déterminée produit-elle toujours un même instrument ? Ce fait est vérifié dans des fonctions relativement simples, comme l'appel, les signaux, les activités de plein air, où règnent trompes, cors et cornes, membranophones divers et autres instruments de fort volume sonore. Un fait analogue n'existe-t-il pas pour certains rites ? Le même rite est-il inséparable, quelle que soit l'aire géographique, d'un même instrument ? L'ethnologue G. Rouget a démontré, au contraire, que les rites de la possession peuvent s'accommoder aussi bien d'instruments doux que d'instruments stridents.
La possession s'inscrit dans un ensemble de phénomènes pendant lesquels se produit une relation particulière entre les sons musicaux et l'organisme humain. Un autre aspect de cette relation est constitué par la musicothérapie, qui représente un champ d'expériences encore vaste.
Des cultures similaires donnent-elles naissance à des instruments similaires ? Dans la mesure où chaque civilisation se définit d'une manière originale et, en conséquence, suscite les instruments spécifiques de sa musique, la question reste sans réponse. Indépendamment du contenu émotionnel de la musique – s'il y a lieu –, les instruments sont inséparables des systèmes musicaux auxquels ils sont destinés ; ceux-ci peuvent être étudiés, mesurés, définis.[...]
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Écrit par
- Josiane BRAN-RICCI : conservateur en chef honoraire du patrimoine au musée de la Musique
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