INSTRUMENTS DE MUSIQUE Restauration des instruments
Restauration et modification
Au début du xixe siècle, des instruments à vent, en particulier des hautbois, datant du siècle précédent, ont été percés de trous supplémentaires pour en modifier le jeu : il s'agissait d'éviter au musicien les « doigtés de fourche », dans la mesure où l'oreille n'exigeait plus un tempérament inégal et où la musique s'acheminait vers le tempérament égal. Les qualités sonores de l'instrument n'en étaient pas affectées, grâce à l'habileté des facteurs et, d'ailleurs, le hautbois de la première moitié du xixe siècle relève de la même conception – clétage mis à part – que ses prédécesseurs.
Des adaptations moins heureuses ont été faites de guitares du xviiie siècle, transformées en vielles à roue, de luths de la Renaissance dépecés pour être munis de manches de guitares, de ténors de violon recoupés en altos, de basses de violes de gambe devenues violoncelles. Changer radicalement un instrument par rapport à sa destination première donne rarement des résultats favorables.
En pareil cas, les restaurations peuvent être tentées à condition qu'elles soient précédées d'une enquête documentaire complète sur l'état d'origine supposé. Encore s'agit-il de cas d'espèce. Le Musée de la musique (Cité de la musique, Paris) possède une vielle à roue du xviiie siècle, qui a été faite avec la caisse d'une guitare plus ancienne ; la restaurer en vielle à roue n'aurait eu aucun intérêt, car la collection de vielles du musée est déjà riche. Elle a donc été conservée ouverte à titre de témoin de cette mode dont seuls les textes nous avaient laissé l'écho.
La restauration, qui consiste à supprimer les ajouts ou les éléments de modification ayant altéré la « personnalité » première d'un instrument, est à distinguer de la remise en état. L'opportunité de l'une par rapport à l'autre est souvent source de discussion, car un instrument de musique est par nature complexe. Toucher à l'un de ses éléments constitutifs oblige à d'autres opérations, qui risquent d'entraîner le restaurateur fort loin dans ses interventions. Retirer un élément mauvais peut causer la disparition d'autres éléments qui, eux, seraient intéressants à garder pour l'histoire de l'instrument.
Dans l'idéal, la restauration devrait permettre, à la fin du travail, de retrouver un instrument, le plus proche possible de ce qu'il était à l'origine, sans qu'il ait perdu de son intégrité, et de le remettre en état de jeu. Ces conditions sont rarement réunies toutes à la fois ; toute restauration reste un compromis, comme l'instrument lui-même, et suppose un choix préalable.
Tel instrument sera conservé à titre documentaire, et, pour cela, simplement consolidé ; tel autre sera remis en condition de fonctionnement sans retour à l'état primitif, en cas d'instrument transformé ; un autre sera entièrement « mis à plat », réparé et remis en mesure de jouer. Il y a non seulement un point de vue historique à considérer, mais une question d'état de conservation.
Au cours du travail de restauration, il s'agira de respecter au maximum toutes les pièces qui peuvent être sauvées, et de ne remplacer que celles qui sont déformées et impossibles à remettre en état, attaquées par les parasites, ou dégradées. Les pièces de remplacement seront exécutées à l'identique, dans des matériaux de même nature et d'âge approchant.
L'histoire de la restauration des instruments de musique est déjà longue ; toutes les conceptions sont apparues dès le xviiie siècle, où la « mise à ravalement » se doublait d'une restauration lorsque l'état de l'instrument l'exigeait. Le xixe siècle a souvent cru restaurer ce qu'il[...]
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Écrit par
- Josiane BRAN-RICCI : conservateur en chef honoraire du patrimoine au musée de la Musique
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