INTELLIGENCE ARTIFICIELLE GÉNÉRATIVE
Le désir de fabriquer des machines capables de générer textes, images et sons, à l’instar d’artistes, remonte bien à avant le développement de l’intelligence artificielle (IA). À titre d’illustration, la Britannique Ada Lovelace (1815-1852) pressentait déjà qu’une machine pourrait, un jour, élaborer des morceaux de musique. Dans les années 1950, dès les débuts de l’IA, des chercheurs se sont attelés à cette tâche. Les résultats sont restés longtemps embryonnaires. Avec l’avènement de l’apprentissage profond, de nouvelles techniques – en particulier les réseaux antagonistes génératifs et les grands modèles de langage – ont changé la donneau point que les résultats obtenus sont devenus troublants. Après avoir fourni du diagnostic, en particulier du diagnostic médical, de la démonstration automatique de théorèmes ou de la reconnaissance des formes, l’IA est désormais en mesure de générer de nouveaux contenus à partir d’énormes quantités de données. On appelle Intelligence artificielle générative la branche de l’IA spécialisée dans cette création de contenus.
Générer textes, images et vidéo avec l’IA
Les premières tentatives pour produire automatiquement de la musique, des textes et des images remontent à la seconde moitié du xxe siècle. En 1957, Pierre Barbaud (1911-1990) en France et, l’année suivante, Lejaren Hiller (1924-1994) aux États-Unis travaillent sur la musique algorithmique – c’est-à-dire produite automatiquement, à l’aide de règles logiques mises en œuvre sur des ordinateurs. Quelques années plus tard, en 1966, l’informaticien américain Joseph Weizenbaum (1923-2008) met au point, au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Eliza, le premier agent conversationnel – ce que l’on appelle aujourd’hui en jargon un « chatbot », par contraction de chat, « bavarder » en anglais, et de robot. Dans le domaine pictural, Aaron, une suite de programmes informatiques réalisée par le peintre Harold Cohen (1928-2016), et Molnart, un programme écrit par les artistes Véra (1924-2023) et François Molnár (1922-1993), génèrent des images artistiques dès les années 1970.
Au début des années 1980, lorsque les premières applications industrielles de l’intelligence artificielle ont vu le jour, on a fait appel à du texte préformé pour donner la réplique dans les dialogues avec les utilisateurs. Des stéréotypes épistolaires ont été conçus pour faciliter la rédaction de lettres dans des secteurs professionnels comme le droit ou la médecine, tout comme des patrons de contrats, par exemple pour les baux de location. Des programmes écrivant automatiquement des brèves de presse à partir de données chiffrées pour connaître la météo ou les tendances boursières ont également vu le jour. Enfin, bien des tentatives ont eu lieu dans le domaine sonore, par exemple pour générer des musiques de jeux vidéo ou pour faire prononcer des paroles avec la voix et les accents d’une personne, afin de faire illusion, ou encore, dans le secteur pictural, pour produire des images ou des vidéos.
Toutes ces tentatives de production automatique de textes, d’images et de sons constituent des amorces balbutiantes de l’intelligence artificielle générative. Toutefois, cette dernière ne prend vraiment son essor qu’à partir du milieu des années 2010, grâce aux progrès de l’apprentissage profond.
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Écrit par
- Jean-Gabriel GANASCIA : professeur des Universités, faculté des sciences, Sorbonne université, Paris
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