INTELLIGENCE
Types d'activités intellectuelles L'abstraction et la formation de concepts
Abstraire consiste à sélectionner, parmi les différents traits que peut posséder un objet, ceux qui sont pertinents pour décider de l'appartenance ou de la non-appartenance de l'objet à une classe déterminée. Les différents objets appartenant à la classe, qui est désignée par un symbole (ordinairement un mot), constituent l'extension du concept. Les traits pertinents et les relations qui existent entre eux constituent la définition du concept. Ainsi l'on peut définir le carré par la conjonction de trois traits : avoir quatre côtés, avoir des côtés égaux, avoir quatre angles droits. L'examen de la présence de ces trois traits est nécessaire pour décider si une figure donnée est ou non un carré. Un objet carré peut avoir bien d'autres traits : il peut être grand ou petit, de telle ou telle couleur, construit avec tel matériau, être épais ou mince, etc. Tous ces traits sont dits non pertinents par rapport au concept de carré : ils n'ont pas à intervenir pour décider si un objet est carré ou non.
Pour de nombreux concepts, les différents objets qui en sont des exemplaires ne sont pas équivalents pour représenter le concept, pour en donner un exemple : certains exemplaires sont prototypiques. Il arrive que certaines propriétés ne soient pas nécessaires à la définition du concept mais se trouvent plus souvent présentes que d'autres parmi les exemplaires du concept. Le nombre de pieds n'est pas pertinent pour définir une table ; néanmoins une table à quatre pieds est plus représentative d'une table qu'une table à un seul pied. Le prototype représente en quelque sorte le centre de gravité des exemplaires : c'est l'exemplaire dont la distance moyenne aux autres est la moindre.
Beaucoup de concepts sont définis à partir d'autres concepts ; c'est le cas, en particulier, des concepts scientifiques. Les concepts mathématiques en sont les exemples les plus remarquables, puisqu'ils font l'objet d'une définition constructive : ils sont définis à partir de primitives, d'éléments déjà définis et de relations entre ces différents éléments.
Les autres sciences procèdent de façon analogue. Il peut y avoir de profondes divergences entre le concept scientifique et les conceptions spontanées, lesquelles sont acquises à partir d'exemples et reposent en général sur des prototypes. Ainsi, la division est souvent conçue comme une opération produisant une quantité plus petite (à cause du prototype du partage, alors qu'en mathématiques la division exprime le rapport de deux quantités, de sorte que le quotient peut être supérieur au dividende : c'est le cas si le diviseur est inférieur à 1).
Le raisonnement inductif et la découverte de règles
Le raisonnement inductif consiste à chercher des relations entre observations de la forme : ceci est une condition nécessaire de cela. C'est un long processus comportant plusieurs étapes, dont la première est la formation d'hypothèses : à partir de ce qu'on sait déjà ou de ce que l'on a observé, on formule une relation. Par exemple, pour qu'une plante puisse pousser, il faut nécessairement de la terre – ou, de façon équivalente : s'il n'y a pas de terre, alors la plante ne pousse pas. En deuxième lieu, intervient le recueil d'observations en vue de tester l'hypothèse. Cela consiste à rechercher s'il existe une situation telle que la condition définie par la partie de l'énoncé qui précède « alors » soit vraie et que la conséquence exprimée par la partie de l'énoncé qui suit « alors » soit fausse. On peut faire cette recherche en explorant les situations qui existent (observation) ou en construisant artificiellement cette situation, par exemple en mettant des graines dans du coton humide (expérimentation). Enfin, on fait le test de l'hypothèse[...]
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Écrit par
- Jean-François RICHARD : professeur de psychologie à l'université de Paris-VIII
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