INTERACTIONS, écologie
Un rôle majeur en biologie
Ces quelques exemples sont-ils des curiosités de la nature dont la complexité n'a d'égale que la rareté ? Des dizaines d'autres, plus curieux les uns que les autres, auraient pu être décrits comme le couple indissociable insecte pollinisateur-figuier ou les protozoaires symbiotiques qui permettent aux termites de digérer la cellulose et la lignine ou, tout simplement, les ciliés de la panse des ruminants. Doit-on rappeler le cas des coraux qui hébergent des algues unicellulaires et représentent une biomasse considérable dans les océans ? Moins évidentes, les mycorhizes sont des champignons symbiotiques qui enveloppent les racines et permettent à la plupart des arbres de mieux assimiler les éléments minéraux et la matière organique. Or leur absence lors des reboisements empêche la croissance des arbres. On peut dire que, dans une certaine mesure, la genèse des sols, celle de l'atmosphère et même celle des climats sont le résultat de l'action des êtres vivants sur leur environnement abiotique.
Il n'y a pas d'espèces « utiles » ou « nuisibles » dans la nature mais seulement dans l'esprit de l'homme (anthropocentrisme). De même, on aboutit, non à une vision morale et subjective, optimiste (coopération-entraide) ou pessimiste (compétition-lutte pour la vie) des interactions en général, mais à une infinité de stratégies souvent raffinées qui se sont mises en place au cours de l'évolution. Leur effet peut être positif, négatif ou neutre selon les espèces concernées et il résulte non d'un plan préétabli mais d'opportunités évolutives. Dans un « couple » d'espèces (et même si l'une d'elles est dépourvue de cerveau, comme l'orchidée qui manipule l'abeille), chacune tente, par essai et erreur, de trouver les moyens de survivre et de se reproduire (sélection naturelle). Cette évolution parallèle des deux espèces (coévolution) peut se réaliser aux dépens d'autrui ou à bénéfices réciproques mais, lorsque l'équilibre est établi, l'interaction est qualifiée de durable. Chaque jour, les chercheurs découvrent de nouvelles interactions et prennent conscience de leur sophistication comme de leur rôle majeur dans le monde vivant.
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Écrit par
- Pierre JOUVENTIN : directeur de recherche au C.N.R.S.
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