INTERACTIONS (physique) Interaction nucléaire faible
Difficile mise en évidence des neutrinos
L'étude expérimentale des interactions faibles souffre d'une difficulté fondamentale : leurs effets sont presque toujours masqués par ceux des autres interactions beaucoup plus intenses. En outre, les neutrinos dont la présence est associée aux interactions faibles, sont difficiles à étudier. Dans les années 1960, un pas décisif a été franchi par la conception et la réalisation de faisceaux de neutrinos auprès des accélérateurs de particules. Comme on ne peut pas accélérer les neutrinos car ils sont insensibles aux champs électromagnétiques, Melvin Schwartz (1932-2006) propose, en février 1960, d'accélérer des protons et de les précipiter sur une cible afin que, des multiples collisions ainsi provoquées, naissent des mésons π de hautes énergies qui se désintègrent spontanément en neutrinos accompagnés d'électrons ou de muons. Un épais bouclier métallique (de 13 m d'épaisseur dans la première réalisation de ce programme) filtre alors les neutrinos qui seuls peuvent traverser une telle quantité de matière. Après quelques mois de prise de données en 1962, l'équipe de Schwartz et de Jack Steinberger (1921-2020) annonce l'observation de réactions de neutrinos de haute énergie. Les chercheurs en déduisent l'existence de deux types de neutrinos, le premier attaché à l'électron et le second au muon. On en découvrira ensuite un troisième type, attaché au lepton tau (τ). Il n'en existe sans doute pas d'autres.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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